jeudi 26 juillet 2007

Psychoses : avec Lacan, structures et identifications nosologiques.

Il existe somme toute différentes manières de poser les termes de la présentation clinique différentielle, une fois sorti du cabinet du psychanalyste, de ses silences et de son secret. Alors que Freud présentait les résultats de sa méthode au regard de la psychiatrie de son époque, marquée par Kretschmer, Kraepelin et Bleuler, essentiellement descriptive et acharnée à construire l'entité clinique à l'aide du cas, et impuissante devant le déroulement des « processus morbides », Lacan, quelques années après sa thèse, -cette thèse dont il ira à un moment exquis jusqu'à racheter les exemplaires disponibles en librairies pour les retirer des ventes-, a soutenu que le psychanalyste ne doit pas reculer devant les psychoses.


La situation actuelle, qui produit l'effacement progressif de la description clinique de la maladie au profit d'une approche multi-symptômatique destinée à effacer par traitement chimique les différents aspects de la plainte, a conduit les cliniciens à un certain égarement. On peut constater aujourd'hui que les développements de Lacan sur les psychoses ont sans doute contribué à entifier la notion de structures psychiques et renforcer l'opinion clinique selon laquelle les sujets sont irréfragablement inscrits dans une structure névrotique ou psychotique, c'est à peine s'il reste quelque place pour des débats de chapelles sur l'existence ou non de la perversion comme structure. Les lacaniens se doutent bien que même quand le cas correspond bien à la description diagnostique, il n'y a pourtant rien de moins assuré que de faire passer celle-ci pour l'expression d'un réel. Aussi les cliniciens tiennent-ils pour psychoses ce qui s'acharne à conduire leurs interventions thérapeutiques à l'échec, et se rabattent-ils sur ce qu'il paraît que Lacan aurait déposé comme savoir sur les psychoses, et s'évitent ainsi l'examen de ce qui a été présenté et discuté depuis, sur les traits différentiels de l'expression langagière, le diagnostic étant établi le plus généralement sans que soient repérés si les dérèglements de la paroles concernent les réseaux associatifs métaphoriques, métonymiques, ou laissent affleurer des translittérations. Il me paraît essentiel de se pencher autant sur les questions cliniques que sur les réponses. Selon que l'on considère avoir affaire à un style de parlure chez un sujet ou à un sujet structuré dans la névrose ou dans la psychose, on n'obtient évidemment pas les mêmes effets sur la persistance symptômatique. Cela fait de nombreuses années que je discute avec des collègues qui ont eu des rapports textuels prolongés avec Lacan, et j'aboutis à ce constat: ceux qui se penchent sur l'examen de la structure du sujet sont en position de perdition de la clinique, alors que ceux qui sont attentifs au style de son mode d'expression s'attachent à transmettre la psychanalyse: que puis-je donc en conclure?

DK


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Monsieur Kuntz,
votre propos me convient parfaitement. Me donneriez-vous l'autorisation de publier ce texte sur mon site?
Bien cordialement
JF Ferbos
http://ferbos.jeanfrancois.free.fr/guppy

Didier Kuntz a dit…

Faites, mon cher, faites; si vous mettez un lien vers là où vous l'avez pêché vous me flatterez, ce qui n'est pas grave. dk