jeudi 27 décembre 2007

celles des esprits torturés...

Titre de psychothérapeute - décrets d'application de l'article 52

Selon des sources convergentes, il semble que la rédaction des décrets d'application de l'article 52 concernant l'usage du titre de psychothérapeute soit en cours et que l'on s'acheminerait vers une signature de ces décrets en janvier 2008.


voir par exemple:


http://www.lta.frdm.fr/20071227-Liberation-L-article-52-applique-en-janvier-2008-112



Cette loi et ses conditions d'applications ont soulevé des vagues de passion, du fait surtout du flou dans les esprits concernant le statut juridique du sujet chez les uns, ou l'apparente opacité des conditions de travail rendues exigibles par le transfert chez les autres; sans compter qu'il a pu paraître politiquement intéressant durant quelques temps d'instrumentaliser les peurs et les rancunes chez les uns, les fantasmes chez les autres, chacun en somme restant part à lui-même dans son coin avec son vocabulaire et surtout sa surdité naturelle, intrinsèque et inextinguible. Certains n'auront même pas hésité à se servir des souffrances des familles d'autistes pour appuyer quelque clinique plutôt fragile et chancelante, comme si le fait était destiné à échapper à toute mémorisation... Bien entendu les conduites des uns et des autres sont coextensives à leurs théories de la mémoire, de l'apprentissage, des notions fondatrices de chaque conception de l'humanité, celle-ci s'en sortant fort chancelante pour ne pas dire groggy.


Je ne puis donc que souhaiter qu'ayant pris le temps de consulter et d'entendre les différents représentants, les services des ministères concernés trouvent une sortie honorable à une crise plutôt malvenue et injustifiée au regard de ce que l'on peut observer sur le terrain, à savoir la complexité des problèmes et des questions soulevées, ainsi que la fragilité des moyens dispensés.


Je voudrais ici remercier très chaleureusement François-Régis Dupond Muzart pour le travail de bénédictin qu'il poursuit depuis plus de quatre ans, indispensable à toute intelligibilité de la dimension légale du travail avec autrui dans le champ des folies.


DK


dimanche 23 décembre 2007

oiseau

Délices et orgues

Trois liens aujourd'hui, à voir et à entendre, et à méditer:

Je ne sais pas si il est tellement courant, l'aperçu de la solitude foncière de l'organiste; il y a également les ors; mais aussi, surtout, ces instruments anciens, dont le maintien en vie a exigé qu'il y ait des personnes dévouées pour s'en occuper, pour faire savoir leur valeur, rappeler leur présence, et les donner à entendre. Michel Chapuis, qui y consacre sa vie depuis des lustres, nous offre quelques extraits:


Michel Chapuis joue Couperin à Dole


Michel Chapuis à l'orgue de la Chapelle Royale.


Michel Chapuis à l'orgue de Pesmes


Avec mes remerciements,

DK

mardi 18 décembre 2007

les chaises musicales

20071218 - 8 - L'outil du blog s'en va tâtonnant parmi les Amériques - Le traitement de masse de la dépression bat la campagne.


Aujourd'hui une fiche pratique. J'ai déjà raconté comment est né ce blog, mais je n'ai pas encore dit à quoi il sert, et comment l'utiliser, comment s'en faire un outil, un outil orienté peut-être, et en ce sens qui ne prétend pas qu'il ne pourrait y avoir d'autres machins similaires complémentaires.


Ceci aussi en guise de réponse à ceux de mes collègues qui me demandent de leur expliquer ce que sont tous ces liens url, à quoi ils mènent, parce que, me disent-ils, ils n'ont pas le temps de surfer. Comme ce sera peut-être un peu long je vous rappelle qu'il est toujours possible de copier et d'imprimer ce qui vous intéresse. Et bien, c'est justement parce que la plupart n'ont pas le temps d'effectuer les recherches qui permettent de trier et de découvrir les pages intéressantes qu'il m'a paru particulièrement utile de réunir sur une page, à l'aide d'un texte support, les liens url de quelques-unes parmi des centaines de pages que je lis au cours de mes travaux de recherche, qui me semblent particulièrement dignes d'attention et pourtant pas toujours très bien répertoriées par leurs auteurs.


Du reste mes collègues sont assez loin d'être les seuls à chercher à s'informer sur certaines dispositions ou orientations de la clinique; aussi bien des étudiants que des personnes désireuses de comprendre de quoi il retourne là où elles se disposent à mettre les pieds éventuellement, elles ou l'un ou l'autre de leurs proche. Les statistiques de fréquentation font apparaître qu'une part importante des visites est amenée par les agrégateurs de recherche ou des moteurs tels Google. Ce qui signifie que les visiteurs qui arrivent sur ces pages cherchent quelque chose mais pas particulièrement ce que disent des psychanalystes au sujet de cette chose. Il me semble particulièrement utile qu'ils puissent aller voir ce qu'en attrapent des psychanalystes, c'est la raison d'être de ces pages, d'éviter que les personnes cherchant des informations disons à propos des cors aux pieds ne trouvent d'informations que sur les sites des cordonniers, des chausseurs et des fabricants de cors de chasse.


D'où une certaine laxité des propositions de textes posés en liens url sous des mots balises: il s'agit aussi, à l'aide de cela, de montrer quelque chose qui se situe de l'ordre de l'association libre; ce n'est pas exactement pareil de mettre une petite note en bas de page indiquant un texte ainsi que la position de l'auteur par rapport à ce texte, et de donner accès à un texte dans son intégralité, en s'effaçant, comme auteur du renvoi. De deux choses l'une ; ou bien le visiteur revient vers la page et continue la lecture, ou bien il a trouvé ce qu'il cherchait, ou accès à ce qu'il cherchait, et la page a atteint son but relativement à lui. Il n'en reste pas moins que je préfère évidemment qu'on lise mes pages intégralement en lisant intégralement les pages que j'indique, mais cela, c'est réservé disons aux étudiants, qui disposent des quelques heures de travail que cela demande parfois pour saisir ce que je dis exactement.


Les liens qui se trouvent sur le côté droit du blog permettent d'accéder à pratiquement toutes les sociétés, écoles, associations de psychanalyse, ainsi qu'à quelques blogs ou sites personnels qui m'ont été signalés parce que jugés particulièrement intéressants, allez, je vais lâcher le mot, notables, par disons des amis de leurs auteurs, et que j'aurai signalés aussi si je ne m'en étais remis qu'à mon propre jugement. On remarquera qu'à part le raton laveur devenu xraton laveur pour rester en fin de liste comme chez Prévert, il n'y a pratiquement que des lacaniens; c'est un pur hasard dont je m'avise aujourd'hui; mais sans doute qu'en tapant « non-lacanien » dans les moteurs de recherches on arrive encore sur ce blog. C'est évidemment la présence de ces liens vers ces organismes qui autorisent ce blog à s'appeler « l'essentiel de la psychanalyse, etc », le etc étant ma touche personnelle, le plus souvent.


Donc, le point où j'en arrive, c'est que le plus simple est d'ouvrir la page d'accueil de l'essentiel dans un onglet ou mieux de le placer dans la barre personnelle, et de le laisser ouvert dans un onglet, puisqu'ainsi ça évite d'avoir à enregistrer trente six adresses dans le marque-page; c'est un des avantages du format blog, pas trop pesant, sans compter qu'avec l'indexation et l'archivage, il y a une bibliographie déjà assez étendue, à considérer comme complémentaire à celle qu'on trouve sur les sites, qui est présentée dans les textes que j'écris sur les différents sujets; il y a donc à considérer que le travail que j'effectue se situe du côté de l'archivage.


Et voilà, le résultat, c'est ce que j'appelle un échangeur; un échangeur n'a ni le même usage ni la même portée qu'un site d'école ou un portail, mais cela permet de passer d'un endroit à un autre, d'aller voir ce qui se passe ailleurs: puisqu'il n'y a ni moyen de ni intérêt à réunir ce qui est divisé, autant construire un outil qui permette aux uns et aux autres d'aller voir ce qui se raconte ailleurs que chez soi dans l'entre soi.


Donc, un échangeur, il me semble assez nécessaire que cela reste une savonnette, un lieu où l'on ne s'attarde pas nécessairement. J'ai eu des remerciements pincés, laconiques, ou inexistants de la plupart des représentants des institutions que je signale, et c'est tant mieux, parce qu' ainsi ils me conduisent à ne pas les épargner lorsqu'ils dérapent, ce qui n'arrive pas qu'une fois par an. Mais il ne faut pas exagérer, il y a aussi des gens qui ont compris que la solidarité était au principe du mouvement et me l'ont dit. C'est pour autant que je n'ai pas hésité à passer la sébille en imprimant l'essentiel; j'ai donné tout de suite comme numéro le 1/2, contrairement à l'usage qui veut qu'on fasse un 1 puis un 2/3; c'est sans doute conjuratoire, jamais deux sans trois; tout de même, c'est incroyable que cela ne se bouscule pas au portillon pour acquérir l'essentiel underground papers et ainsi témoigner de l'affection pour un travail qui fait son chemin en tâtonnant parmi les Amériques.


Pour terminer ceci, mes remerciements aux quelques amis, aux très peu nombreux qui m'encouragent discrètement; car c'est grâce à eux que ce travail qui dérange et m'expose parfois à des passages à l'acte rien moins qu'amicaux trouve en moi une raison de continuer.


DK


PS: ce que cela a à voir avec la dépression, c'est qu'en allant voir dépression dans l'indexation, à droite du texte, l'on accède à tous les textes ayant rapport à la question sur ce blog, et au travers d'eux, par le biais des liens url, à toutes les pages jugées essentielles à la questions... Mais autant savoir s'en servir, CQFD. (CQFDK?)

jeudi 13 décembre 2007

séparation...

Autisme, diagnostic et pronostic - 2

Post Scriptum, mise à jour et adjonction du 13/12/2007 relative à l'autisme.



Voir aussi: Autisme, diagnostic, etc...



On peut trouver à cette page de LTA un tour d'horizon des différentes réactions publiques à propos de l'autisme. Il semble que les pouvoirs publics se lavent publiquement les mains d'une situation qu'ils ont largement contribué à créer en laissant de côté les avis des psychanalystes les mieux avertis, pour se contenter de recueillir les on-dits qui leurs sont attribués. On peut ainsi reprocher à la psychanalyse, à ses théories ou à ses praticiens tout ce que l'on reproche au bouc émissaire de l'autisme et de l'autiste. Pour ma part, j'ai eu à travailler avec des enfants qualifiés d'autistiques, ainsi qu'avec leurs proches, et cela m'arrivera encore aussi souvent que l'on me consultera pour cela.

J'ai pu constater régulièrement l'effet de coup de massue asséné par le diagnostic d'autisme; j'ai constaté aussi que ce diagnostic témoignait, plus que d'un quelconque savoir clinique, d'un embarras face à l'aspect inabordable du patient dans sa relation à l'institution et/ou au psychiatre; d'un embarras face à la décision de traitement ou de placement qui s'impose parfois dans la hâte précipitée par l'angoisse de l'intervenant interpellé à une place de soignant, voire de prestataire de solution urgente; d'un embarras enfin face à la responsabilité d'énoncer, en même temps qu'un diagnostic, un pronostic écrasant sur l'évolution pressentie du patient.

Ce diagnostic, régulièrement, est posé sans calcul de ses effets sur la personne ou son entourage, dans la certitude de sa fiabilité tant que de celle du package de soins qui l'accompagne, d'où la psychanalyse autant que le recours à un psychanalyste sont imparablement exclu: d'où je pose que l'exclusion du recours au psychanalyste est la condition nécessaire à la production des symptômes classés dans l'autisme. Ceux qui veulent comprendre le comment et le pourquoi peuvent en trouver une présentation logique dans le livre que j'ai écrit, "les prolégomènes pour la psychanalyse", comme je l'appelle, dont on trouvera une trace sur ce blog ou ailleurs.

Je suis donc amené à redire ceci: là encore, dans ce tour d'horizon sur l'autisme, on oublie une chose, -parce c'est toujours plus difficile de remarquer une absence au milieu de la multitude de présences bruyantes-. C'est que l'on n'a pas encore entendu de psychanalyste énoncer son indifférence, ou son impuissance, face à l'autisme, à l'autiste ou à son entourage: on n'a entendu que ses accusateurs. Et on n'entendra pas, pas avant longtemps, que l'autiste lui-même, du fond de sa plainte, et dans son expression même, est le défenseur du psychanalyste et de sa psychanalyse.

Voilà ce qu'il m'a été donné d'entendre, dans mes contacts avec des autistes. Et pour être juste, il faudrait savoir ne pas empêcher le défenseur rencontrer celui que, par son symptôme, il défend, commis d'office, sans doute, il est vrai, par son symptôme.

Dans son dernier séminaire, intitulé "le moment de conclure", au moment de conclure, donc, une très longue et très riche expérience de parturient et de praticien de psychanalyse, que dit Lacan? Il dit: "L'important est que la science elle-même n'est qu'un fantasme; ... et que l'idée d'un réveil, soit à proprement parler impensable; voilà ce que j'avais à vous dire aujourd'hui." (*15 novembre 1977*).

Je laisse ceci en état; le lecteur pourra s'enquérir de ce qu'il y existe, ou non, quelqu'un qui puisse, avec des faits concrets me concernant, (ou concernant quiconque), infirmer la capacité que je prétends, (ou que prétend quiconque), relativement aux personnes concernées par un diagnostic d'autisme, de recevoir la personne et sa vérité. Chercher à savoir, en tel cas précis, qui peut ou non quoi, sera plus utile et individuellement et collectivement, aux autistes, que les grandes déclarations générales qui pêchent au chalut sur les grands fonds de la souffrance humaine déjà raclés à mort par la médecine épidémiologique.

Merci de votre attention.

13/12/07 - DK



mardi 11 décembre 2007

les couleurs de la psychanalyse

une anthologie pour la psychanalyse, chez Buvard & Désencré

Le premier n° de l'anthologie de psychanalyse de Buvard & Désencré vient de paraitre, le numéro 1 est sorti; une nouvelle manière de présenter la psychanalyse, plus fluide, une édition en flux tendu; ce numéro comporte 88 pages brochées, dans un beau format 21.56 x 21.56 cm. C'est le lancement d'une aventure à laquelle on souhaite beaucoup de péripéties, une revue populaire, belle et distinguée, prix ramené au plus bas afin de rendre toutes ces écritures généreuses accessibles à la fréquentation des jeunes et des étudiants. L'équipe rédactionnelle est très ouverte, tend à s'étoffer rapidement. La ligne éditoriale est la ligne claire: présenter le rapport vivant que chacun entretient à cette lune-bévue du champ freudien, que Freud appelait l'inconscient, l' Ics, comment celui-ci se manifeste, comment l'on s'en accommode, au plus près de la structure du mot d'esprit. Cette anthologie est le complément simple et luxuriant des underground papers de l'essentiel. A partager, si vous voulez bien...

DK

lundi 10 décembre 2007

l'ombre

20071210 - Lettre à Jeanine.

[envoyé à 6h 12 ']


Chère Jeanine,



je te réponds de manière un peu moins lapidaire aujourd'hui, hier soir j'étais fatigué, je ne me suis aperçu que vers 14 heures qu'on était dimanche, juste après la fin de la réalisation de la revue, et après une semaine très chargée d'un point de vue horaire; comme je n'ai rien à faire, je travaille 18 heures par jour; j'ai réalisé la mise en page et la publication des trois livres en dix jours, sachant qu'il devrait me rester quelques jours pour préparer mon quart d'heure de mercredi; je pourrai y consacrer pas mal de temps, je vais essayer de faire quelque chose de bien; je m'y mets tout à l'heure; en fait il y a une demi-heure, en manipulant la version de JAM, il m'est venu une idée de séminaire, ou de colloque, dont le thème serait: "comment j'ai lu certains de mes Lacan", (pour faire pendant évidemment, à l'article de Raymond Queneau, "comment j'ai écrit certains de mes livres"); il s'agirait de rendre compte, (en colloque), de la manière dont, à un moment, quelque chose se passe au contact avec le livre d'un séminaire, en particulier, quand on lit Lacan, d'un rapport particulier à un séminaire particulier... Ce serait une bonne entrée en matière d'exposition du thème de la subjectivation, qui est tout de même une notion assez peu limpide, dont la clarté se dissipe à mesure qu'on la trouble, et comment ne pas la troubler en l'examinant? Ou alors, en séminaire, mais il faudrait être plusieurs à vouloir se mouiller la chemise dans une affaire finalement très personnelle... Qu'en penses-tu? Je ne pense pas nécessairement à un colloque très formel dans le cadre très formel de l'ACF, mais à quelque chose de plus interculturel, et toutefois moins lourd que le "groupe de contact". Enfin je lance l'idée comme ça, il y a eu ici, chez moi, lancé par
Serge Hajlblum dont tu connais certainement les travaux sur la voix, (clique ici), un colloque d'une ou deux semaines en été, à 5-6, il y a deux ans, -plus jamais ça!- Excuse-moi, j'ai pris l'habitude de mettre des liens url partout, tout en sachant très bien que peu de gens les lisent, ces sous-entendus; enfin, j'aimerais bien que tu les lises (...). Voilà, j'en dis là plus que je ne devrais...

Pour en venir à la question [que tu soulèves], je ne sais quoi te dire, à mon tour; que des gens désirent se proposer comme psychanalystes, je le comprends, malheureusement. Pour ma part je le fais parce que je peux le faire et parce que je ne peux pas ne pas le faire; je suis également confronté à des démarches et des questions de la part de gens plus jeunes que ma position très (in-)-visible et excentrique interpelle, et souvent je comprends que ce sont des gens qui ont déjà payé un tribut très élevé et qui sont prêts à aller encore plus loin, même s'ils ne me paraissent que rarement avoir saisi de quoi il retourne en matière de travail avec l'inconscient, le how do tant que le what has to be done ou le what does it mean?


Pour le what does it mean, il y en a un exemple merveilleux dans le séminaire V, j'ai coché d'une double barre dans la marge vers le milieu de la page 310, sur les trois lignes qui commencent par "jeunes mâles", "c'est à dire", "qu'il y a", à lire jusqu'au repère 3, p 311, va voir ce passage, puisque tu l'as en main, ce séminaire, de toutes façons, les jours qui viennent, et tu verras qu'il y a là un merveilleux exemple du "what does it mean", du comment lire Freud avec Jacques Lacan, parce qu'après, eh bien il y a la question d'où il le tire, son savoir, c'est à dire la question de savoir qu'est-ce qui est présupposé de savoir pour pouvoir former le savoir qu'il énonce, et l'autre question, beaucoup plus fondamentale, de comprendre ce qui le soutient dans la constitution de l'érudition qui lui permet de métaboliser son angoisse extrême autant qu'inconsciente par le travail de la métaphore, qui lui permet de la métaboliser parce que cette érudition, là, dans ce passage qui sous tend la manipulation de la linguistique, des philosophes grecs et chrétiens, Moïse, tout Freud, Sophocle et le meurtre du père, que cette érudition elle occupe la place de ce qui serait rempli par la Todesangst la plus radicale, après tout, qu'est-il allé faire en analyse, Lacan? Et ce passage a été merveilleusement servi par ce qu' écrit Jacques-Alain Miller, qui suit comme souvent ce qu'on appelle [à tort la sténotypie alors qu'il s'agit de la dactylographie de] la sténotypie: si tu regardes de près, (le passage dans la sténotypie est p 17- (128), tu t'apercevras que la seule modification qu'il amène, c'est le découpage des paragraphes, et rien qu'avec l'effet de ce découpage, on lit le texte différemment; tu observeras également qu'il n'a pas repris les schémas qui se trouvent p 19- (130), pour une raison très simple, il n'était pas là et ne peut les garantir, puisqu'ils n'ont pas été vérifiés par Lacan; et, de fait tu constateras qu'ils sont illisibles; donc, il fait le choix de l'écriture cursive de la parole, il écrit ce qui a été dit, au plus près (...). Donc, vois-tu, on peut largement passer un an à travailler rien que sur ce passage d'une page, si l'on suit les références que Lacan donne, et qui, si l'on veut se saisir de ce qu'il énonce, sont impératives, hélas...



tiens je t'envoie le lien utile



http://www.ecole-lacanienne.net/stenos/seminaireV/1958.03.26.pdf

et la pièce en question en doc jointe [ici en lien url]


http://www.ecole-lacanienne.net/stenos/seminaireV/1958.03.26.pdf




Généralement pour trouver les textes je passe par mon blog, c'est plus rapide, c'est même pour ça qu'il est fait, c'est un didacticiel de psychanalyse qui s'appuie sur le web lacanien dans son ensemble, et à ma connaissance, le seul; c'est même pour ça que c'est une savonnette, à la différence d'Oedipe qui est un pot de glue; c'est même carrément l'anti-oedipe, ce blog, pas du tout un portail, juste le contraire, un échangeur qui mêne aussi bien aux lieux les plus importants de la psychanalyse qu'aux raretés, aux dictionnaires, etc; quand je vois le boulot qui y est fait et le relativement peu d'usage qui en est fait, dans la région au moins, parce qu'ailleurs, il y a des gens qui ont compris à quoi il sert... Mais tout de même la diffusion papier est très importante parce qu'elle est belle, (je n'ai pas vu les exemplaires brochés et ne les verrai que dans quelques semaines, c'est imprimé aux states, mais j'ai les pdf, et crois-moi, c'est beau; c'est de la belle revue, un concept totalement nouveau de revue de psychanalyse qui se vendra aux états-unis, (d'où le nom), et peut-être même en France... C'est un peu cher peut-être mais c'est également un livre de photo, il y en a 39, et la fabrication du livre, sa publication, est la seule manière pratique de me garantir un copyright sur ces textes et ces images... qu'on peut tirer en 50x60, la définition est suffisante... Ce n'est pas que je pense que cela m'enrichira un jour mais mes petits enfants peut-être...

Bon, je m'égare, on reparlera... Avec le what does it mean il y a également le so what; que faire de tous ces gens qui veulent toucher à la psychanalyse tout en ayant une position tout aussi phobique que Lacan mais sans retourner à Freud comme il le fait? Tu sais, ce texte, "les prolégomènes etc", la première version a douze ans d'âge, les éditeurs ont peur de perdre de l'argent, dont acte; ça ne m'a rien coûté de le rendre disponible, et quand j'en aurais vendu autant d'exemplaires que le nombre de fichier word que j'ai distribué, soit une cinquantaine, je saurai que la tendance française à me snober* se sera inversée...



Allez, je vais travailler un peu... Bonne journée,



Didier


*Ndé: Comme dit Noémie, « Papa n'est pas Modeste ». Ah ça c'est bien vrai ça. Vous vous rappelez de la BD « Modeste et Pompon »? Mais quand elle m'appelle « Père », ça me va aussi bien. Pas sûre qu'elle soit si croûlante, la fonction paternelle des croûlants. Il y a encore des d'jeun's pour en soutenir l'illusion; il n'y a plus qu'à espérer que la police de caractère ne leur fatigue pas trop les moeurs... Y'a des moeurs et des keurs dans mon hlm... Baste!

dimanche 9 décembre 2007

your tube

l'essentiel underground papers n°1-2 est paru.

communiqué:

l'essentiel underground papers n° 1/2

vient de paraître, imprimé avec photos

revue de psychanalyse semestrielle en couleurs, elle intègre les textes et photos du blog, sans les liens url évidemment qui y apparaissent soulignés, de sorte qu'on peut les sonder en allant sur le blog. C'est fait pour les amis et autres connaisseurs de raretés précieuses et originales.

On peut, c'est même tout à fait opportun, en visualiser quelques pages à l'adresse suivante:
http://www.lulu.com/content/1648784

comme vous le voyez, dans le lien, il y a "content"; j'espère que vous serez satisfaits!

DK

vendredi 7 décembre 2007

ciné 32 rue d'alsace

Entretien avec Didier Kuntz sur les prolégomènes pour la psychanalyse – le retour à la parole.



Après la publication d'un m'as-tu-vu de livre noir, puis un très digne livre blanc anti-livre noir de la psychanalyse, publiés ailleurs pour leur très grande gloire, les éditions des branas proposent, pour inaugurer leur nouvelle collection « les couleurs de la psychanalyse », ces « prolégomènes pour la psychanalyse », sous-titrés « le retour à la parole ».


Entretien avec l'auteur* .


Éditions des branas : Alors vous y teniez à cette publication...


Didier Kuntz : pas tant que ça; j'avais averti quelques éditeurs que j'attendrai dix ans s'ils n'en voulaient pas. Ce texte a rampé trop longtemps sous les meilleures portes pour que je puisse le tenir aujourd'hui pour inachevé. Il reste tout de même ouvert, en suspension vers le lecteur et orienté vers l'avenir. Mais, comme m'a dit un collègue, au cas où cet essai était réussi, restait à le transformer. Le fait d' écrire sur le forum du portail Oedipe a effectué cette transformation sans que je m'en aperçoive : ce n'était pas l'enjeu de ces interventions d'ailleurs assez massives, dans tous les sens du terme; mais c'est l'effet qu'elles ont eu, de me contraindre à changer de position par rapport à l'écriture et à l'écrit. Je vous renvoie ceci : pour ouvrir, aux éditions des branas, une collection « couleurs de la psychanalyse », il vous fallait un ours, eh bien, comme dit Lagingeole, « prenez mon ours »**, et grand bien vous fasse.


EB : Vous vous y êtes fait, à y voir un ours, dans ces « prolégomènes »? Et, pour reprendre la question que vous a posée Jacques-Alain Miller, où avez-vous pêché un titre pareil?


DK : Ma foi pour la pêche, je lui ai répondu, c'est de l'historiette, cela restera voilé; sur l'ours, les choses me paraissent tournées autrement : comprenez qu'en surgissant du néant pour publier cet essai, les éditions des branas donnent une interprétation à ce texte, qui, d'avoir été envoyé à l'ours, effectivement, en vient à y trouver sa place, d'occasion à faire ouverture à ce qui a été refoulé.


EB : En somme cet ours c'est de l' Ur-, -montreur-d'Ur, -faiseur-d' Ur?


DK : Je pense, j'ai toujours pensé que ce texte travaillait du côté de l' Ur-, de l' ourigine, si les lacaniens permettent. D'où ce côté urus. On verra si sa transformation réussit aux psychanalystes. S'ils sont prêts à prendre le risque de le lire, si ce n'est déjà fait. Et s'ils sont prêts à donner d'autres couleurs à la psychanalyse dans votre collection.


EB : Cela, c'est une question ouverte... Mais pour revenir à la peau de l'ours, un travail qui a dix ans, doit avoir accumulé des moutons sous le sommier?


DK : Le recul à ce qu'il me semble est aussi ce qui permet de le lire. Deux amis m'ont dit que ce texte restait à écrire. Ils avaient sans doute raison. Je le vois comme un texte qui est plus ourdit qu'écrit. Il ressemble à de l'écrit, mais, à la lecture, on s'aperçoit qu'il est ourdit : cela, plusieurs personnes me l'ont donné à entendre. On verra bien si ça-texture passera de l'oeil à l'oreille des lecteurs. Parce qu'il y en aura bien quelques-uns; -de plus, puis-je dire; sans doute pas nombreux, mais, à mon point de vue, si vous permettez, qui n'est pas celui de l'éditeur, suffisamment nombreux. Alors le fait que certaines positions que j'ai exprimées à la père-sévère, un peu systématisées, logifiées, que ces positions soient discutables, tant mieux, elles sont là pour ça, et qu'elles soient soumises à révisions, à précisions, cela aura moins de conséquences que s'il s'agissait de positions du Kâmasûtra. Il ne s'agit là que de textualité, dans son rapport à la sexualité, à l' « alité », sans doute; mais ce texte en quelque sorte fait faire un bond du phallus à lalangue, et cela, devrait sans doute intéresser les cliniciens.


EB : Les cliniciens, lacaniens, I presume?


DK : Y en aurait-il d'autres, dans le champ des folies?


(...)

samedi 1 décembre 2007

on bat la campagne

voir aussi:
http://www.expressio.fr/expressions/battre-la-campagne.php
et à fouiller
http://weilan.over-blog.com/article-6763024.html

20071201 - Campagne dépression INPES – 7 - Extraite des chiffres, docteurs, la vérité, c'est un sophisme!

On pourra se frotter les yeux d'incrédulité: mais qu'est-ce que ce qui suit vient faire ici, sous le titre « Campagne dépression INPES – 7 - Extraite des chiffres, docteurs, la vérité, c'est un sophisme! »? Ce que « cela », cette réaction au grignotement de la vie privée, a à voir avec la dépression version INPES, c'est que cette mobilisation contre les abus d'autorité est une voie de guérison dans un pays malade de son inertie, de sa passivité, de ses compulsions à l'enfermement. On pourra dire que « cela » est hors-champ de la psychanalyse; eh bien qu'on le dise alors, mais qu'il y ait de l' hors-champ de la psychanalyse, c'est justement ce qui donne du champ au champ freudien. Il faut donc faire un écart pour comprendre; que cette coexitence pacifique entre la dépression-maladie-version INPES, et l'investigation illégale et abusive dans la vie privée, sont les deux faces d'un même chiffrage de la méthodologie en matière de décision politique. Et cela, relève précisément d'une conception où les psychanalystes ont tout à fait à marquer leurs positions.


Bon, le temps passe et on oublie les choses; pour se rapprocher du point de départ:

http://www.psychanalyse-en-mouvement.net/articles.php?lng=fr&pg=189

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J'ai reçu, ce matin, ce qui suit:

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Merci de faire circuler cette info

Quand l’imagination est au pouvoir… du racisme et de la haine elle est sans limite !

Fraude à l’identité ! extraordinaire ça ! ce qui ferait l’identité d’un être humain c’est sa nationalité, et non ce qu’il est, les signifiants qui les représentent, comment il les fait vivre auprès des autres. L’identité ramenée à des traits et des documents, objectivables ! Une identité évaluable ! Vichy n’est pas loin….et les sombres pratiques des terribles heures de notre histoire non plus.

Ce qui fait la nationalité c’est d’être inscrit sur le registre de la nation. Chacun est donc peu à peu réduit à un ensemble de chiffres.

Agents référents, réseaux, plan… ça ne vous dit rien ? Partout nous baignons dans ces mots qui engluent toute vie

« Tout va pour le mieux dan le ire des mondes possibles » comme dit Philippe Sollers

Bien amicalement

Philippe Cousty

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La Préfecture de la Haute Garonne bafoue le secret professionnel des fonctionnaires et agents publics et le droit au respect de la vie privée et renforce l’organisation de la chasse aux étrangers


APPEL AUX SECTIONS, FEDERATIONS ET REGIONS.

La Préfecture de Haute-Garonne met en place, sous couvert de « lutte contre la fraude documentaire », un processus de signalement des étrangers en situation irrégulière aux services de police.

Vous trouverez ci-dessous le texte du communiqué que la section de Toulouse a publié, avec une forte couverture médiatique locale.

Les informations dont nous disposons indiquent que ce projet concerne l’ensemble des départements.

La CNIL est d’ores et déjà saisie par la LDH au niveau national.

Nous vous demandons d’enquêter dans votre ressort géographique, à la mesure de vos moyens d’investigation, sur les initiatives qui seraient prises à ce sujet.

Vos relais syndicaux seront certainement utiles

Et de nous faire remonter dans les meilleurs délais vos constatations.

Merci à toutes et tous de votre diligence.

Contact : communication@ldh-france.org - tel 01 56 55 51 07

Toulouse, le 27 novembre 2007

La Préfecture de la Haute Garonne bafoue le secret professionnel des fonctionnaires et agents publics et le droit au respect de la vie privée et renforce l’organisation de la chasse aux étrangers

Une note interne fait apparaître que, sous prétexte de "lutte contre les fraudes", la Préfecture de la Haute-Garonne tente actuellement de mettre en place, dans le plus grand secret et dans le mépris du secret professionnel des fonctionnaires et du droit des citoyens au respect de leur vie privée, un système d'échange d'informations entre tous les services administratifs et de dénonciation aux services de police et de gendarmerie par l'ensemble des fonctionnaires et agents des services publics du département.

Sous l'égide de la Direction de la réglementation et des libertés publiques de la Préfecture de la Haute-Garonne, est mis en place un "groupe de référents départementaux et des organismes sociaux en matière de lutte contre les fraudes à l'identité". Des agents "référents" de la CPAM, de l'URSSAF, de la CAF, des services fiscaux, des ASSEDIC, de l'ANPE, de la CRAM, de la DTEFP, de la DDASS, de l'ANAEM devront participer à une formation organisée par la Police de l'Air et des Frontières (PAF). Selon cette note, les agents des administrations devraient notamment faire appel à la PAF, à la police et à la gendarmerie à chaque fois qu'ils auront un simple doute sur l'authenticité des documents qui leur sont présentés par les administrés, contrôler l'identité des patients. De plus, dans une note datée du 10 octobre 2007, la Direction de la réglementation et des libertés publiques, qui, sous prétexte d'efficacité, souhaite agir dans la confidentialité, forme le vœu d'une extension des fichiers au niveau national et de "la possibilité de croiser les informations sans croiser les fichiers nationaux car interdiction de la CNIL" en instituant des réseaux de correspondants dans chaque organisme ou administration.

Il est prévu que les entreprises publiques ou remplissant une mission de service public soient également impliquées.

Dans une note préalable, la Préfecture de Haute-Garonne annonçait clairement que cette initiative, répondant à une « logique de réseau », se situait dans le « plan de lutte contre les fraudes commises par des ressortissant étrangers».

La note du 10 octobre implique, entre autres incitations :

- l’identification des personnes en situation irrégulière ou d’éloignement

- les fraudes à l’hébergement, la « couverture » de situation irrégulière

- l’amélioration du contrôle de la résidence déclarée

La Police aux frontières (PAF) est le maître d’œuvre de ce dispositif.

Il s’agit donc bien d’organiser, au niveau des organismes sociaux, un système de signalement systématique, et de faire de leurs agents des auxiliaires de police.

.

Il est symptomatique que la Justice, en l’occurrence le Procureur de la République, soit absente du processus envisagé, les seuls interlocuteurs désignés étant les services de police.

Les organisations signataires s'insurgent contre cette nouvelle tentative de bafouer, hors de tout cadre légal et dans le plus grand secret, le secret professionnel auquel sont soumis les fonctionnaires, qui protége l'usager du service public contre la divulgation d'informations à caractère secret. Le respect de cette obligation est le corollaire du respect de la dignité de la personne humaine, principe doté d'une valeur constitutionnelle, et du droit de tous les citoyens au respect de leur vie privée.

Après la loi Perben II du 9 mars 2004 et la loi sur la prévention de la délinquance du 5 mars 2007, les atteintes au secret professionnel sont désormais renforcées par de simples pratiques et notes administratives sans valeur légale.

Une telle initiative indique très clairement que se poursuit, en la renforçant, une politique de « xénophobie d’Etat », par la mise en place de fichages et d’incitation, voire d’obligation administrative, à dénoncer des situations irrégulières ou anormales. En l’occurrence, tous les citoyens et personnes résidant sur le territoire national sont menacés.

SIGNATAIRES au 27/11/2007 :

CGT, Union départementale 31, FSU 31, Ligue des droits de l’Homme – Toulouse, Solidaires 31, Syndicat des avocats de France, Toulouse, Syndicat de la Magistrature, Toulouse, UNSA Conseil Général 31, UNSA Education

Notre site
http://resf71.charolles.info/


_________________

Ndé: voir aussi à propos du non à Vichy, un échange en 2004 , entre différentes personnes soucieuses de maintenir un écart entre les psychanalystes et les pouvoirs publics.



mercredi 28 novembre 2007

la poésie urbaine vous la fait au culot

20071128 CAMPAGNE DEPRESSION INPES : 6- la subjectivité, elle a un grain...

piqué sur oedipe - avec mes remerciements à Gross:

Morandini: Avant l'abattement, avant la déprime, il y a d'abord la rage et on a eu un reportage de X. dans le métro parisien. On sent que les gens sont de plus en plus agressifs. Comment on se calme?

Catherine M.: Alors. On peut peut-être juste dire un mot... Pourquoi certaines personnes sont plus exposées que d'autres dans ce genre de comportement? Alors, on sait assez bien maintenant ce que c'est le PTSD, vous savez le fameux symptôme post-traumatique qui est plus ou moins bien vécu selon votre histoire personnelle. Si vous avez subi des choses graves quand vous êtes jeune bien entendu la maltraitance ou les abus sexuels mais aussi les hospitalisations longues, vous avez grandi avec une image très blessée de vous même donc vous êtes beaucoup plus fragilisé à n'importe quel autre traumatisme. Si vous voulez on peut dire que quelqu'un qui a un symptôme traumatisme (sic) c'est quelqu'un dont le compteur de traumatismes est déjà plein et vous pouvez plus en mettre aucun. Donc les grèves peuvent un peu fonctionner comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase par rapport à des gens qui vont avoir des crises de colère ce que nous analystes on va appeler le retour du refoulé. D'un coup, ils vont attraper quelqu'un qui ne leur aura rien fait parce que il attend à côté de lui mais ils vont se mettre à se fâcher...
_________


Je précise pour ceux qui ne le savent pas que Catherine M est présentée dans cette émission comme psychanalyste. Or qu'apprends-je: il y a un compteur de traumatisme; les grèves sont des gouttes d'eau qui déclenchent des crises agressives chez les gens qui ont connu des traumatismes de jeunesse comme la maltraitance et les abus sexuels; eh bien il doit y en avoir un paquet; cela nous procure des retours de refoulé agressifs; mais, apprends-je, cela c'est la rage avant la déprime; donc, dois-je penser, (le petit Zwang), la déprime, qui vient après la rage, est le fait des gens qui ont été sexuellement abusés et ont subi de la maltraitance; dont le compteur à traumatisme a éclaté sous la pression des grèves; dont le compteur à métaphore est ramollo et raplapla; dont le pilulier est écrasé par la culpabilité.

Bon oui, vu comme ça, la psychanalyse, c'est le canon à orgone; je ne me demande plus vraiment pourquoi mon standart téléphonique intérieur n'a pas explosé sous la pression des raisins de la colère; répétez vint-six fois qu'est-ce qu'on m'en a mis quand j'étais minot, ça vous positive le mental après trente six mea culpa; le Zwang fait qu'on compte le traumatisme pour pas rien; et le plus drôle c'est qu'avec ces moulinets à paroles il faudrait calmer sa componction pour ne pas qu'elle ait des sautes d'humeur! Et bien je vous en fiche mon billet, docteur, ta subjectivité, elle a un grain.

dimanche 18 novembre 2007

du semblant

Le Séminaire – Livre XVIII - D’un discours qui ne serait pas du semblant - Jacques LACAN

Jacques Lacan et Jacques-Alain Miller, D'un discours qui ne serait pas du semblant.

Une magnifique illustration en première de couverture, un portrait de l'empereur de Chine Kangxi, représenté, par des artistes anonymes de la cour, en scribe ou dessinateur assis à sa table précieuse, comment ne pas y voir à la fois une représentation ou Jacques-Alain Miller nous donne ironiquement à voir comment, dans ce travail de transcripteur-co-auteur, il se donne image à lui même, comment ne pas être sensible au clin d'oeil qu'il fait à tous les autres transcripteurs qui ont travaillé à décrypter une expression subtile et équivoque, si l'on veut bien se pencher davantage sur le document qui repose sur cette table, et s'apercevoir qu'il s'agit sans aucun doute d'une carte géographique, qui nous induit à revoir l'empereur préparer, pinceau à la main, un plan de campagne? Ne faudrait-il pas y voir un rappel au sérieux de la chose analytique, dans son insertion à la réalité sociale, celle des autres, et non pas seulement celle de l'entre-soi du lien social des sociétés analytiques, et ce au moment même où il semble que les psychanalystes n'aient plus guère à compter que sur eux-mêmes, pour ce qui concerne la représentation de leur présence ailleurs que dans l'imaginaire phobique qui se construit à leur endroit?


C'est alors qu'on lira ce titre, « D'un discours qui ne serait pas du semblant », comme une provocation à ne pas laisser les inscriptions de la psychanalyse être effacées par les fracas des propagandes sanitaires qui visent à renforcer l'emprise d'un système de soin inscrit dans une idéologie ultra-consumériste, ne laissant d'être au sujet que ce qu'il a d'utilitaire sur le marché du travail. Comment sortir de cette bécane bruyante et chaotique qui veut nous convaincre que l'universel suppose la destruction du particulier?


Et puis, cette quatrième de couverture(1), absolument magnifique, aguichante, mettant en quelques mots l'imaginaire à sa place, du côté de l'éthologique, définissant les semblants comme des signifiants imaginaires, et l'enjeu comme étant d'y trouver matière à science, en les distinguant bien du réel de la jouissance, qu'ils voilent et présentifient à la fois, d'emblée incite à une relecture de ce séminaire XVIII, qui, dois-je l'avouer, est l'un de mes préférés, pour sa concision dans le dit, sa tension vers le trait épuré, la simplicité dans le dire. Et à vrai dire j'envie les lecteurs pour lesquels cette version authentique de ce séminaire, puisque c'est bien ainsi qu'elle se situe au regard de l'histoire, sera la première qu'ils tiendront, pour le raffinement qu'elle leur présente, d'une psychanalyse freudienne enfin débarrassée de ses mythologies.


Eloge, ne taris point! A force d'y lire, on finira par y entendre! Encore un manuel anti dépression (2)!


DK


notes et liens url:

sous-titre: http://720plan.ovh.net/~causefre/peel/achat/produit_details.php?id=229

(1):
http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.causefreudienne.net/site/wp-content/themes/vero-2007/images/titre_publications.gif&imgrefurl=http://www.causefreudienne.net/publications/actualites/&h=350&w=130&sz=2&hl=fr&start=1&sig2=TUXG_ufvf1BAAvfC1D-4aA&um=1&tbnid=-uii2jSBrbHAAM:&tbnh=120&tbnw=45&ei=6NM_R4edF4yewwGa99TUCA&prev=/images%3Fq%3DJacques%2BLacan%2Bet%2BJacques-Alain%2BMiller,%2BD%2527un%2Bdiscours%2Bqui%2Bne%2Bserait%2Bpas%2Bdu%2Bsemblant.%26svnum%3D10%26um%3D1%26hl%3Dfr%26client%3Dfirefox-a%26rls%3Dorg.mozilla:fr:official%26sa%3DN

(2): http://www.hydra.umn.edu/lacan/vid/ et aussi

http://www.evene.fr/livres/livre/jacques-lacan-television-3871.php

vendredi 16 novembre 2007

tag palois

20071009 CAMPAGNE DEPRESSION INPES : PSYCHANALYSE DE L'INPES

Le traitement de masse de la dépression bat la campagne; communication de la dépression

10. Psychanalyse de l'INPES.



Je projetais hier d'écrire quelque chose sous ce titre, "psychanalyse de l'INPES"; je le ferai peut-être ultérieurement: entretemps j'ai eu entre les mains le numéro 7 du Nouvel Ane, absolument indispensable, arrachez-vous les derniers exemplaire.
Il est évident que j'ai été coiffé au poteau par Jacques-Alain Miller, qui dans un morceau d'anthologie intitulé "Propagande massive pour dépister la dépression: la France rattrape son retard", en fait, pages 17 et 18, (voir un cas clinique, un second cas clinique), une analyse incontournable et d'une rigueur implacable. Voilà ce que les médecins devraient connaître avant de se fier à l'INPES; je le cite :

"[... ] il serait d'intérêt public que l'Institut national de prévention fût promptement réformé dans ses pratiques, son style et sa personnalité institutionnelle. La manière dont la campagne a été préparée, dont elle a été présentée aux associations, en tous les cas à l'Ecole de la Cause Freudienne, et dont enfin elle a été lancée, dans la certitude de provoquer une réaction antagonique déterminée (la nôtre) est empreinte d'une telle ineptie qu'elle ne saurait s'interpréter que d'une seule façon : c'est l'appel au secours d'une institution qui est à bout et qui demande à en finir, à en finir avec sa souffrance. Bref, c'est une tentative de suicide."
(Jacques-Alain Miller, Le Nouvel Ane n° 7, Octobre 2007)

« ...Quand j'ai dit, comme ça, l'autre jour, que 1a science n'est rien d'autre qu'un fantasme, qu'un noyau fantasmatique, je suis, certes, mais au sens de « suivre » et, contrairement à ce que quelqu'un comme ça dans un article a espéré [voir leçon du 15 novembre ρ. 12 article de J. Β. Pontalis dans Le Monde], je pense que je serai suivi sur ce terrain. Ça me semble évident.

La science est une futilité qui n'a de poids dans 1a vie d'aucun, bien qu'elle ait des effets, la télévision par exemple. Mais ses effets ne tiennent à rien qu'au fantasme qui, écrirai-je comme ça, qui hycroit. La science est liée à ce qu'on appelle spécialement pulsion de mort. C'est un fait que 1a vie continue. grâce au fait de 1a reproduction liée au fantasme. Voilà. (...)



séminaire « le moment de conclure »

Lacan, le 20 décembre 1977




lundi 12 novembre 2007

brouillement

Le traitement de masse de la depression bat la campagne, et fait l'economie de l'ethique; communication de la depression, 4

« Le Monde », 16/10/07

[http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3238,36-967538,0.html]


« Deux années de discussions auront été nécessaires pour aboutir au lancement, mardi 9 octobre, par le ministère de la santé et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), d'une première campagne nationale "La dépression : en savoir plus pour en sortir". Ce dispositif d'information (guide, site Internet, spots radio et télé) intervient alors même que les décrets d'application réglementant l'usage du titre de psychothérapeute n'ont toujours pas abouti. Et qu'il n'est pas question, "dans un contexte de déficit de la Sécurité sociale", a justifié Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de prendre en charge l'accès à un psychologue. »


(souligné par DK)


On peut retenir également de ce passage, la phrase qui précède celle soulignée: « Ce dispositif d'information (guide, site Internet, spots radio et télé) intervient alors même que les décrets d'application réglementant l'usage du titre de psychothérapeute n'ont toujours pas abouti ».


Donc:


  1. durant deux ans, le ministère de la Santé et l'INPES, dans un contexte qui ne justifie certainement pas que les psychanalystes restent ignorés, discutent de mesures à prendre relatives à quelque chose qu'ils nomment « dépression »;

  2. le « déficit de la sécurité sociale » chasse hors de portée la prise en charge non pas la consultation d'un psychologue, mais « l'accès à » un psychologue.


L'on comprend mieux que la campagne concoctée par l'INPES exprime contre tout examen raisonné des faits la conviction que « la dépression » soit « une maladie ». Et ne promeuve pas, par conséquent, « l'accès à » un psychologue.


On pouvait lire, dans le Figaro du 6/11/07, ceci:

« L’Inspection générale des affaires sociales estime que les informations délivrées aux médecins sur les médicaments au cours des visites médicales sont trop souvent biaisées.

Le ministère de la Santé, après quelques tergiversations, a fini par rendre public le rapport de l’Inspection générale des affaires so­ciales (Igas) sur l’information des médecins généralistes sur le médicament. C’est surtout la visite médicale qui est le «cœur de cible» de ce rapport.

Quelques chiffres donnent la mesure du poids stratégique de ce secteur : l’industrie dépense chaque année 25 000 euros par médecin généraliste, soit l’équivalent de 39 % du revenu libéral moyen net d’un généraliste (64 000 euros) «pour apporter des informations » aux mé­decins. Un petit calcul des quatre inspecteurs de l’Igas montre que sur la base d’une consultation à 22 euros et de quatre consultations par heure, les sommes consacrées à la visite médicale sont l’équivalent pour le médecin de 285 heures d’activité ! Or, ce «mode d’information médicale fait obstacle au développement de démarches plus exigeantes de recherche d’information par les médecins».

[http://www.lefigaro.fr/sante/2007/11/06/01004-20071106ARTFIG00001-les-visiteurs-medicaux-epingles-par-ligas-.php]


Il apparaît par le biais de cet article qu'il est plus simple d'utiliser l'aliénation quoi qu'il en soit de son coût, pour figer l'ordre social, que d'alléger son poids. S'aliéner les psychanalystes? Le Ministère vous a de ses exigences!


DK



mercredi 7 novembre 2007

où est la tête?

Deux adresses....

Il est possible aujourd'hui d'avoir une certaine idée de ce que des psychanalystes,

http://forumpsy.blogspot.com/

pensent de ceci,

http://www.info-depression.fr/dist/_doc/DEPRESSION_LIVRET.pdf

qui fait campagne contre les lumières...

A méditer: à asseoir la médecine dans la vulgarité, l'on induit des pathologies lourdes; et si l'on formait les médecins à la psychanalyse, pour les tirer de la confusion mentale où la vulgarisation veut les plonger?

DK

lundi 5 novembre 2007

vérité au-delà des Pyrénées.....

Le traitement de masse de la depression bat la campagne; communication de la depression, 3 - Abdication de la subjectivite


« Prendre en charge le paradoxe des lumières nous conduit a repérer de quelle façon il retentit au sein de la transmission de la psychanalyse. D'un côté, la psychanalyse, en tant qu'elle mène un combat contre la censure sociale, demeure d'une certaine façon, sous la bannière de nos encyclopédistes. Nous pouvons même dire que ce combat, voulu par un Freud dans sa référence à l'Aufklärung, est apparemment victorieux du fait de la progressive levée en masse du refoulement social. Si, de cette victoire, s'avérant par le bouleversement des mœurs, par une libération sexuelle tous azimuts, j'ai dit qu'elle était « apparente » c'est pour la raison suivante : s'il y a une libération des mœurs, dont nous devons nous féliciter, que devons-nous penser du fait que parallèlement à cette libération des pulsions nous constations, dans notre expérience de la cure, que ces sujets nouvellement libérés quant à leur jouissance, s'avèrent si souvent en panne envers ce qu'il en est de leur rapport à la parole ? Tout ne se passe-t-il pas comme si les brèches faites dans la censure sociale ouvraient l'accès à une nouvelle jouissance de masse mais au prix de fermer l'accès à la parole singulière ?


La souffrance contemporaine –dite dépression- apparaît ainsi comme l'expression d'une jouissance muette qui ne disposant plus du mot, renvoie le sujet à une solitude liée à l'abdication de sa subjectivité de « parlêtre ». »


(Alain Didier-Weil, LA PSYCHANALYSE, LE POLITIQUE ET LE PARADOXE DES LUMIÈRES, Communication faite à l'Agora le 25 mars 2004)

http://www.oedipe.org/fr/actualites/agora%20alain%20Didier-weill




Je ne partage pas l'analyse que faisait ce jour-là Alain Didier-Weill des différentes positions institutionnelles, j'y vois une sorte de forçage et le reçois comme provocation à repenser l'institutionnel analytique à partir de chaque position subjective. On pourra prétendre que je ne veux voir là que ce qui sert mon propos. Toujours est-il qu'on ne pourra certainement pas reprocher à Alain Didier-Weill d'abdiquer, dans ce propos, de sa subjectivité de parlêtre. Il nous donne, dans ce passage, une interprétation de la dépression, « souffrance contemporaine », comme conséquence d'une position, morale, d'abdication de la subjectivité de « parlêtre ». C'est une position incontestablement lacanienne, foncièrement freudienne.


La question est de savoir discerner entre une abdication qui serait signe de la « maladie » ou sa cause. Faire de cette abdication un signe plutôt qu'une cause revient à disculper le sujet de toute causalité quant à ses humeurs. Mais, à extraire un sujet du répond et de la responsabilité pour lui infliger une causalité sur laquelle il n'a aucune prise, il y a un effet mécanique dépressiogène. C'est ainsi que je reçois cet énoncé, communiqué du Nouvel Ane, « LNA 7 est paru. Il entame une contre-campagne dirigée contre la “campagne dépression” qui se déploie actuellement à la télévision, à la radio, dans la presse. Après étude, nous la tenons pour irresponsable, dangereuse, et, ce qui ne gâte rien, ridicule. »


Le ridicule tue, disait Lacan; c'est la seule raison de prendre cette campagne au sérieux.


DK

jeudi 1 novembre 2007

un Guggenheim à Bilbao

Le traitement de masse de la depression bat la campagne; communication de la depression, 2

« L'architecte parle souvent de ses dessins comme de « gribouillages » : « Je regarde à travers le papier pour tenter de lui arracher l 'idée formelle; c'est comme quelqu'un qui se noierait dans le papier. C'est pourquoi je ne considère pas ce que je fais comme des dessins; je ne peux pas. C'est seulement après, quand je les regarde. » En procédant ainsi, Gehry passe du rôle d'auteur lancé dans ses gribouillages/écriture semi-automatiques à celui de lecteur curieux de démêler les formes potentielles dans les multiples lignes et contours de ses dessins. Selon Barthes, « un texte est fait d'écritures multiples, issues de plusieurs cultures et qui entrent les unes avec les autres en dialogue, en parodie, en contestation; mais il y a un lieu où cette multiplicité se rassemble, et ce lieu, ce n'est pas l'auteur, comme on l'a dit jusqu'à présent, c'est le lecteur ». Intuitivement, Gehry réussit à combiner le conscient et l'inconscient, le gribouillage/écriture semi-automatique avec l'ébauche de plans schématiques basés sur le programme préliminaire et sur l'état du site. Même une fois qu'il pose son crayon feutre, signifiant que la phase de dessin est terminée, le processus créatif continue quand l'architecte retourne à ses croquis en tant que lecteur. Subséquemment, il peut découvrir par hasard des formes qui s'ajouteront à son vocabulaire ou seront rejetées, tout cela en vue d'un seul objectif: « Dessiner est un moyen. La maquette n'est qu'un outil. Tout est outil. L'édifice est la seule chose qui compte – l'édifice achevé. »


(Extrait de « Frank O. Gehry, Musée Guggenheim Bilbao », Coosje van Bruggen, p 40, Guggenheim Museum Publications, Distribué par les Editions de la Martinière, Paris)



Pour manifester une réaction à la campagne d'information sur la dépression qui élimine simplement la psychanalyse des recours proposés à ceux qui s'informent sur « la maladie », le mieux est semble-t-il de procéder par petites touches, en délicatesses avec les savoirs, mais nombreuses; mieux vaut, autrement dit, être un peu tachiste, quitte à passer pour pointilliste, car il ne serait pas de bon ton de laisser la culture de côté, et précisément la culture de masse. Pour donner une idée de l'échelle de cette « petite touche », je publie ci dessous un texte qui a eu son autonomie et a un peu circulé indépendamment, il y a une dizaine d'années, sans que ses lecteurs ou son auteur voient nécessairement bien son statut exact; mais aujourd'hui, il se pose là comme indice de ce qui est au principe de causalité de cette dépression- « maladie » contre laquelle on bat... une campagne. Ce n'est pas tant qu'il faille prendre la mouche, position dépressive pour position dépressive... Mais qu'il y eût, à ce collectif déprimé, que les anti-dépresseurs soignent si mal, (parce que sinon, n'est-ce pas, en serions nous là?), des antériorités nettement plus délirantes. Et si, comme le dit une certaine nouvelle revue de psychanalyse N° 67 de la Cause Freudienne, « Tout le monde délire », faut-il souligner que d'habitude, les psychanalystes n'y sont pas les premiers, et les médias, pas en reste? La bonne méthode est-elle de « faire autorité »? -Il y aura donc autant de « petites touches » qu'il en faudra pour sortir la dépression, « maladie », ou singularité, de sa cloche de Gauss.




...surfer sur la vache folle ...



(Didier Kuntz 21 Juin 1996)


Quelques semaines sans s’informer sont sans doute une folie que l’on peut rarement se permettre à notre époque, il n’en reste pas moins qu’il est impossible d’être totalement coupé des images et rumeurs ; le passé récent ressemble alors à l’un de ces rêves mauvais, particulièrement oiseux, pas loin du cauchemar, dont on se souvient parfois après un sommeil de plomb . Comme les rêves, cela s’analyse, cela révèle les désirs et complexes cachés, il est particulièrement tentant de mettre en rapport les bribes restantes et d’associer librement, pour voir où ça mène ... si cela permet de mettre au jour une organisation cachée, une cohérence subliminale aux charmes surréalistes ...

Alors avant de partir en vacances, encore quelques petits mots sérieux pour lever le nez des copies d’examens avant que la publication des résultats en ait à nouveau rompu le charme.

Ce dont il me souvient, donc, après ces quelques semaines loin des médias, c’est un melting-pot tournant autour des vaches folles, un vrai délice de cuisine politique française, pas loin de la sarabande de sorcières; l’austérité seule des objets en cause nous sépare du délire érotique que toute cette histoire évoque à tour de bras .

Ainsi donc quelque chose d’imprécis a changé en France depuis les lustres du nouveau pouvoir, nouvelles méthodes, nouveaux moyens, comme il se doit, puisque la sémantique permet d’appréhender la pensée collective, pourquoi ne pas gouverner à l’aide du déplacement freudien ? Ainsi avons-nous vu les Français dupés de ce tour de passe-passe qui est venu sublimer la vache enragée en vache folle: autres mots, autres remèdes . S’il n’est pas facile de leur proposer autre chose à bouffer, on peut du moins leur retirer la viande du plat .

Il n’est pas difficile de constater la surdétermination qui fait de la vache folle un chiasme où viennent se croiser les fils conducteurs de la vie politique et de souligner comment son traitement forme un véritable remède de cheval pour les calamités qui nous rongent . Soit dit en passant, qui s’étonnera que la métaphore se joue sur le terrain agricole, puisqu’elle est destinée à stigmatiser le style du président Chirac, qui a testé autrefois sur ce terrain les méthodes d’action avec lesquelles il a longtemps séduit l’opinion ? Ces méthodes, nous devons en saluer le charme poétique, puisqu’elles tirent leur incontestable efficace du travail du verbe dans les images collectives...

Passant de la vache folle à la vache enragée, celle-ci faisant oublier celle-là, on soulignera le lien subjacent entre l’apparition de la rage bovine et la baisse des crédits perpétuellement reconduite de l’Institut Pasteur, auquel je dois une partie pas nécessairement négligeable de ma formation, ce qui est une raison suffisante pour dénoncer l’inefficacité de la baisse de crédit pour en améliorer le rendement: on voit là clairement un résultat . Si l’économie réalisée a pu permettre de financer les balles avec lesquelles les vaches ont été spectaculairement abattues, on remarquera également que la prévention ainsi réalisée permet une solide économie en amont du déficit à venir de la sécurité sociale . La suppression des lits a vraisemblablement atteint sa limite, surtout en ce qui concerne ceux des hôpitaux psychiatriques, comme en témoigne l’apparition de cette histoire proprement délirante .

Puisque maintenant les vétérinaires font de la prévention à l’aide des tireurs d’élite que leur a adjoint une armée en pleine mutation, -au moins là on en a pour son argent-, je profite de la transition pour parler de la prévention du sida . L’on n’imagine pas à quel point sont proches ces thématiques, si l’on oublie la proximité phonématique des vaches avec le V.I.H.; que voilà donc un traitement de rêve (et je pèse mes mots), pour un problème dont on ne voit pas le bout, puiqu’il y a, paraît-il, des difficultés à se suffire d’un numéro vert pour résoudre le problème: pourquoi alors ne pas en fonder un deuxième ?

Un monceau de cadavres de vaches empilées, rassemblées à renfort de bulldozer, des vaches menées au bull-dozer, voyez comment l’on vous montre la vache menée au taureau, comme est morbide la métaphore qui adjoint à la vache une rustaude mécanique humaine; et comme il n’y a qu’un pas du bulldozer au taureau, du taureau à la vache, de la vache au V.I.H., du V.I.H. à l’homme, et de l’homme au singe vert: métaphore d’amour et de mort où la vache a fini de rire . Cela est-il destiné à nous signifier qu’il vaut mieux abattre que de se laisser abattre ? A moins qu’il s’agisse, en matière d’amour, d’un phantasme d’abattage ?

Toujours est-il qu’avec les vaches anglaises est arrivée tout naturellement la question de l’origine . Les psychanalystes savent depuis longtemps quel lien cette question entretient avec le phantasme primordial où le sujet imaginarise sa propre apparition . Pour en revenir à la surface du problème, puisque je suis dans l’étendue, (pour ne pas dire dans les temps durs), il faut remarquer qu’aucun doute ne saurait entacher l’origine française même bovine, et que l’anglais a longtemps été, dans l’imaginaire français, la figure ambivalente de l’ennemi auquel on s’allie de temps à autre depuis la guerre de cent ans, en un mot le rival amoureux . Il suffit de remarquer les défenses que mobilise l’immixtion des langues, pour faire oublier le rapport particulier, si ambigu, du chef de l’état actuel à l’Angleterre, ce qui est au fond assez gaullien . Qu’on tue donc les vaches anglaises pour garantir les nôtres ...

Or donc, depuis peu, chez mon épicier arabe, est apparu ce panonceau stupéfiant, qui garantit l’origine purement française de la viande de boeuf ! Quand je dis épicier arabe, j’ai d’ailleurs l’impression de commettre un pléonasme, qui est la seule alternative à la concentration des chaînes de distribution alimentaire . Ce panonceau a le mérite de remettre à sa vraie place la garantie de l’origine; seul un électrochoc de cette nature peut déplacer la folie de l’origine, du moins pour un temps: l’emploi des électrochocs en psychiatrie, lorsqu’on ne fait plus confiance aux vertus de la parole, a mis en évidence le peu de cas qu’on y fait du sujet, pour qui c’est toujours une meurtrissure de plus ... Et l’on en vient à se demander si cette rhétorique de pouvoir n’est pas plus dangereuse qu’un traitement symptomatique des problèmes, où l’on ne chercherait pas à les résoudre par le cadavre exquis des vaches transformées en boucs émissaires des angoisses françaises . La méthode est efficace et assez charmante pour calmer les esprits en leur offrant un support imaginaire incontestablement adéquat, puisqu’il exorcise jusqu’aux vieux échos de mort-aux-vaches en les figurant dans une mise en scène somptueuse (pour ne pas commettre un somp-tueuse), mais elle ne s’attaque pas à la cause du malaise dans la société, -il faut bien laisser une petite chose aux analystes, n’est-ce pas ?


La France d’aujourd’hui, lorsqu’on scanne sa rumeur, semble bien gouvernée par un émule de Frédéric Dard; on ne contestera pas que c’est préférable à la politique du père Ubu: l’image des coups assenés n’est sans doute pas moins ravageur que les coups eux-mêmes, objectera-t-on; la pensée qui s’insinue en moi me dit que l’image de coups est plus évocatrice pour celui qui en a été la victime . Et peut-on encore se permettre une mauvaise pensée dans un pays terrassé de trous, infecté de peste brune, mais aussi en pleine révolution rampante ?