samedi 22 novembre 2008

Effet du temps

ENTRETIENS D’ACTUALITÉ - CPCT

Une contribution au travail de l' ECF sur les CPCT


le jeudi 20 novembre 2008


De la misère à l’ivresse du pouvoir

Très cher JAM,

Cela a été pour moi une bonne surprise, un soulagement, qu'il y ait une réaction au recouvrement momentané, mais problématique, de l'école – son fonctionnement, sa structure hiérarchique – par le mouvement en spirale des CPCT et de leurs promoteurs.

Manque et misère

Cette spirale est déterminé par l'emplacement de son point central, qui est la misère, finalement l'aporie, le manque.

ça manque. ça manque de lieux pour entendre pour les institutions et pour le social – ça manque de psychanalyste pour les victimes de l'exclusion générée par la structure des différents lieux d'accueil – ça manque de patients pour les jeunes ou les futurs psychanalystes – ça manque de vitrine d'exposition pour la psychanalyse, de lieu d'épreuve du discours analytique à opposer méthodiquement aux évaluateurs – ça manque de lieu pour dire l'utilité de la psychanalyse et sa loyauté à l'égard de la société et de ses lois – et, pour finir, ça manque d'argent pour faire tourner les CPCT.

Cette question de l'argent, par le biais de la subvention, a été le point exquis qui a révélé la limite à partir de laquelle les CPCT courent le risque de sortir du discours analytique pour répondre à la demande sociale, institutionnelle étatique, et à son hystérie de l'urgence.

Voilà pourquoi ces Entretiens sont très précieux : ils nous montrent que les acteurs des CPCT ne sont pas massivement prêts à faire le "n'importe quoi" de convenance pour laisser les CPCT se développer à la manière de nodules cancéreux, ainsi qu'il est attendu.

Impossible de former du psychanalyste à partir des CPCT

Il n'est pas très étonnant que la question de la différence ou de la limite entre la psychanalyse pure et la psychanalyse appliquée pointe immédiatement le bout de son nez, puisqu'il est impossible de former du psychanalyste à partir des CPCT, même si ces lieux peuvent se trouver sur le parcours de la formation de psychanalystes.

Après tout, il y a vingt ou trente ans, lorsque nous commencions à exercer, beaucoup d'entre nous se sont trouvés dans la situation d'avoir à opérer des déplacements de leur pratique, et cela a permis qu'un psychanalyste soit présent dans des cadres pas tout à fait ad hoc (formation, actions auprès de publics ciblés), mais pourtant compatibles alors avec l'accueil et l'opérativité de certains registres imaginaires et symboliques. Des psychanalystes étaient là à l'oeuvre pour provoquer les sujets à sortir de cette position de plaideurs souffrants à laquelle contraignent certains lieux d'accueil (de vie, de soins, d'entraide, de rencontre...).

Par la suite, de nouvelles exigences institutionnelles d'évaluation, de chiffrage, d'affaiblissement des coûts, se sont interposées entre eux et ces publics (à la fois causes et cibles de toutes ces interventions), pour finalement éliminer leur présence du terrain et laisser en plan de nombreuses questions..

Les psychanalystes disparus

J'ai eu l'occasion de discuter avec Jean-Pierre Klotz, qui est passé me voir il y a quelques jours. Je lui ai dit que je pensais que vous aviez quelques coups d'avance, que vous vous doutiez de l'évolution que suivraient les CPCT.

En effet, on connaît les fonctionnements sociaux au niveau de la demande de subvention – qui s'effectue au coup par coup, où il s'agit de monter des coups pour des publics très restreints et de dénomination précise. Et ce sont les conditions mêmes qui ont provoqué la disparition des psychanalystes un peu partout depuis vingt ans.

On voit bien ce qu’a coûté à la psychanalyse l'erreur faite par Michel Rocard, en signant les décrets d'applications de la loi de 1985 : elle a pour effet que fort peu de psychologues se dirigent vers la psychanalyse, et qu’ils le font plus tardivement, avec une capacité de lecture sans doute moins bonne. Massivement, ils se dirigent vers les TCC qui les digèrent en deux ans.

Jean-Pierre m'a dit que vous n'aviez pas particulièrement prévu ou anticipé ce qui se passe. Quoi qu'il en soit, vous avez réagi au bon moment et au bon endroit. J'ai bien aimé l'argument des Lyonnais, small is beautiful, et qu'on les laisse rester petits...

Argent et vérité

Les CPCT ont fait apparaître que le scandale, le point de butée, c'est le fait d'avoir quelque chose à payer de sa poche pour rencontrer quelqu'un qui puisse être un opérateur de changement. Ce fait, il va falloir réussir à l'intégrer dans une réflexion globale sur la place de l'argent dans la symbolisation du désir au niveau des idéaux collectifs.

En effet, courir après les subventions, (une fois enrayé les processus de prolifération cancéreuse), n'est rien d'autre qu'un acting out. Quelle est la situation ? Le sujet se refuse à payer pour son désir, et tous les acteurs du système lui mentent – le psychanalyste aussi – en soutenant qu’il peut s’en passer, le conduisant ainsi à la misère, ou l’y fixant – j'ai assez travaillé dans le milieu de la misère pour le savoir. Cela conduit le sujet à se défausser de la vérité de son symptôme, même si le psychanalyste prétend qu'il ne saurait en être question.

C’est en fait un tour de passe-passe entre manque et profit : on vise un profit pour la psychanalyse au prix d'un relâchement éthique. Le sujet devient juste l'occasion de faire savoir que la psychanalyse existe, il ne sert qu'à sa représentation.

Pour produire cette publicité, on se met à courir derrière le plus-de-jouir de la subvention. Cela rapporte à l'Etat une tranquillité certaine du côté des psychanalystes, les subventionnés du moins – et les autres, on les oublie.

C'est à cela que, très salutairement, vous avez réagi, je crois. Est-ce qu'on en est toujours et encore à se compter?

L’ivresse du pouvoir

Vous avez réagi au bon moment et au bon endroit – mais qui d'autre, ayant réagi, aurait été entendu ?

Je me demande aussi quelle est la part de normalisation que votre intervention provoque en questionnant la dérive.

C'est tout de même franchement infect que la fuite en avant dans le "struggle for life" institutionnel ait pu avoir lieu dans des CPCT, où pourtant toutes les conditions de reprise, de contrôle et d'analyse sont en place. Cela fait bien voir que les CPCT peuvent être de l'Ecole, mais que l'Ecole ne peut être réduite aux CPCT, ni chienne, ni soumise.

De manière plus générale, il est tout de même remarquable que les problèmes de pouvoir et d'ivresse du pouvoir prennent autant de place dans l'Ecole.

Vu de loin, on dirait que dans l’École, le savoir n’est qu'un outil adéquat à acquérir du pouvoir. Et, comme toujours dans ce cas, c'est un pouvoir qui ne sert qu'à maintenir un semblant à la place du manque-à-savoir.

C'est une caractéristique de cette École, non? Et qu'il faudrait changer, je crois.

Bien à vous.

dimanche 27 juillet 2008

linge sale en famille

Le ventre

Voici un extrait du communiqué concernant l' usage du titre de psychothérapeute destiné au Président de la République, au Premier ministre, à M. Accoyer, Président de l'Assemblée nationale, au ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ainsi qu' aux présidents des commissions des affaires sociales des trois assemblées.


On peut lire l'intégralité de ce communiqué sur le blog Buvard & Désencré à cette adresse:


http://buvard-desencre.blogspot.com/2008/07/les-psychiatres-et-larrt.html



Extrait :


«Communiqué :

Position de la majorité des organisations représentatives des psychiatres, sur les projets de textes concernant l’usage du titre de psychothérapeute

La récupération sur le plan réglementaire de l’usage du titre de psychothérapeute à des fins de planification économique du soin psychique n’apparaît plus comme un risque, mais comme un projet délibéré. Le « psychothérapeute » s’y inscrit comme le maillon d’un système de sous-traitance « low cost » de toute souffrance psychique. Dans un tel système, le psychiatre se verrait réserver le rôle d’expert, prescrivant au besoin des psychothérapies dont il n’aurait pas lui-même la pratique. »


Si les prises de position des psychanalystes pouvaient être prévisibles, plus ou moins, il est particulièrement notable que les organisations de psychiatres s' expriment sur un projet de planification du soin psychique, reconnu comme fait, dangereux, et repoussé, et partagent l'analyse politique faite par les psychanalystes qui se sont exprimés. Le fait de cette prise de position apparaît d' autant plus méritoire sur le fond du silence de beaucoup d' associations de psychanalyse, et d' autres prises de position pas toujours pertinente dans leur fondement ou revendication (1).


Evidemment il est clair pour tous à présent que les services ministériels ont opposé dès le départ une règle de surdité dépourvue de la moindre ambivalence à l' encontre des associations qui ont tenté malgré tout d' exposer les contraintes que l' éthique fait subir à des pulsions de soin débridées composées pour une bonne part de jouissance sado-maso.


Alors, pourquoi précisément les psychanalystes n'ont-ils pas réussi à se faire entendre ? Ventre affamé n'a point d' oreille ?


DK


1. Voir à ce sujet sur LTA : 20080406-Note-3-sur-Psychanalystes-et-leurs-Associations.doc , à titre de rappel...

jeudi 24 juillet 2008

du nouveau chien

Du Nouvel Âne.

Le Nouvel Ane annonce la parution de son numéro 9 qui sera diffusé à partir de septembre. Quelques extraits visibles à cette adresse:

http://www.lnaglobal.org/

Dans ce contexte actuel si déplaisant, (voir Université de Psychanalyse ci -dessous), une goulée d'air indispensable en ce temps d'étouffement.

On peut également s'informer en lisant les quelques livres proposés ici, dont la version papier de ce blog, dont le numéro trois est en préparation.

J'admirais hier la pugnacité du SIUEERPP dans son adresse à Bernard Accoyer: ce dernier va-t-il se révéler féal et authentiquement porté par une volonté de vérité, dans son intention de protection du public? Ou bien le Président de l'Assemblée Nationale va-t-il, de son perchoir, dénoncer les engagements de fidélité pris envers les victimes, qu'il prétend si nombreuses, des charlatans dénués de diplômes hébergés par la laxité de l'administration envers les psys? Là où chacun s'étonne de voir avec quelle facilité les diplômés se transforment en charlatans dès qu'ils abordent le domaine psy, s'octroyant des titres inexistants d'expert ou de spécialiste en telle matière d'enfance, d'adolescence, de tel symptôme, Bernard Accoyer reste persuadé que ce sont les quelques sous-diplômés qui génèrent tant de plaintes si évidemment fondées... Alors, Accoyer ira-t-il jusqu'à se ranger derrière ceux dont la volonté de nuire à la psychanalyse est évidente et déclarée, en se protégeant derrière la grille du silence ou pire, du faux-fuyant en réponse à cette interpellation publique?

Eh bien voilà, parmi les surprises que l'été nous réserve, (1- que va-t-il advenir de l'enseignement de psychanalyse dans les universités, 2- comment les associations de psychanalyse vont-elles se positionner par rapport à la nouvelle université de psychanalyse, 3- qui est Bernard Accoyer révélé à la lumière de l'interpellation du SIUEERPP?), de quoi méditer en se préparant à l'action, puisqu'il y a un point de non-retour après lequel les mouvements vont se précipiter, on le souhaite de manière cohérente et organisée, structurante pour l'avenir de la psychanalyse et des dimensions de la culture avec lesquelles elle est en prise directe, (fait qui semble bel et bien avoir été totalement négligé par ses adversaires aveuglés par la haine et guidés par la bêtise.

DK

mercredi 9 juillet 2008

bouge rouge

Université de Psychanalyse

J'ai reçu cette information très importante le 7 juillet; je la répercute avec un peu de retard; commentaire en cours de rédaction. -DK


Communiqué



Les instances de l’Institut du Champ Freudien en Espagne (Réseau de Formation Continue en Clinique Psychanalytique), de l’École Lacanienne de Psychanalyse et le réseau des CPCT en Espagne, associés dans la Fondation pour la Clinique Psychanalytique d’Orientation Lacanienne, ont donné leur accord de principe pour la création d’une Université Européenne de Psychanalyse.


En effet, le moment est arrivé de donner une réponse sur le registre universitaire, et depuis l’Orientation lacanienne, aux problèmes actuels qui ont vu le jour en Europe à partir des tentatives de réglementation du monde “psy” et des psychothérapies.


Miquel Bassols

commentaire:


I


(12/07/08)

A nouveau dans sa déclaration transcrite dans le Point avec quelques modifications, Bernard Accoyer reprend son thème du « vide juridique », que l'on retrouve aussi bien dans la version « originale » que dans celle parue dans le Point. Il y a certainement un glissement, une nuance qui enfin est venue troubler d'une ride le lisse très travaillé du discours de B. Accoyer : en effet il est là clairement énoncé que le « vide juridique » dont parle cet homme qui a décidé de prendre en charge la pensée collective et de créer un corps de métier destiné a en corriger les défauts, concernerait le fait de ce qu'il dénomme une « autoproclamation », alors qu'il est évident pour tous qu'il s'agit d'une déclaration auprès des institutions publiques, (Trésor, Impôts, Sécurité Sociale, Insee...). Qu'il n'y ait pas eu lieu de présenter un diplôme, (inexistant) de psychothérapeute pour exercer, personne jusque là n'avait eu lieu de s'en faire un cheval de bataille. Il semble que s'en prendre au corps de métier le plus fragile, qui est celui qui s'occupe des personnes les plus fragiles, et ce au nom des associations de parents et/ou de « personnes fragiles », soit politiquement des plus payant. Chacun se doute bien qu'il y a eu là un certain nombre de manipulations de ces populations, véritablement blousées à cette occasion. Jusque là, il avait semblé que le vide juridique portait sur la protection des personnes, et sur une certaine difficulté de recours, qui reste à mettre en évidence par autre chose que de vagues déclarations de portée générale qui noient le poisson.


Je vous laisse apprécier la présentation des arguments d'intention, si possible, à la lumière de l'article freudien « die Verneinung », « la dénégation »; vous apprécierez particulièrement ce passage qui justement a été modifié, dont on voit ce que chaque version cherche à masquer, sans y aboutir, pour une raison spécifiquement freudienne :


  1. « Ne prétendant ni encadrer la prise en charge psychologique, les psychothérapies, ni remettre en cause en quoi que ce soit la psychanalyse, le législateur a souhaité combler un vide juridique »...

  2. « Qui veut la mort des psys ? Certainement pas le législateur ! Ne prétendant ni encadrer la prise en charge psychologique, ni remettre en question, en quoi que ce soit, la psychanalyse »...

On appréciera...




version originale :


« Ne prétendant ni encadrer la prise en charge psychologique, les psychothérapies, ni remettre en cause en quoi que ce soit la psychanalyse, le législateur a souhaité combler un vide juridique par lequel tout un chacun peut, en France, s'autoproclamer psychothérapeute et visser sa plaque. Or, qui peut souhaiter que des personnes en souffrance psychique, psychosociale ou psychopathologique, se confient à n'importe qui, sans aucune garantie de formation ni de compétence? »

....


version parue dans le Point n° 1867 du 10/07/08 :


« Qui veut la mort des psys ? Certainement pas le législateur ! Ne prétendant ni encadrer la prise en charge psychologique, ni remettre en question, en quoi que ce soit, la psychanalyse, le législateur a souhaité par la loi du 9 août 2004 protéger les personnes, en comblant un vide juridique par lequel tout un chacun peut s'autoproclamer psychothérapeute, sans aucune garantie de formation ni de compétence.

« Les victimes de ces psychothérapeutes autoproclamés se comptent en France par milliers. Par incompétence ou par appât du gain. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, les familles de malades, les associations de victimes ne cessent de le répéter. C'est uniquement à cela que le législateur a entendu remédier. »



Depuis cinq ans Bernard Accoyer nous répète le même argument, à savoir qu'il se compte des milliers de victimes; il est malheureux que cet argument précisément ne doive justement pas conduire à ce que ces personnes en situation de fragilité ne deviennent victimes de personnes proclamées psychothérapeutes par l'Etat, et ce au mépris des professions concernées par la chose psy, et qui sont très loin, dans l'ensemble, de cette description du professionnel autoproclamé par appât du gain. Il est très étonnant qu'en cinq ans Bernard Accoyer n'ait rien voulu entendre ou retenir des réponses qui lui ont été faites par les personnes mêmes qui sont celles aptes à lui répondre. Et au contraire, voilà-t-il pas qu'une fois de plus les professionnels du travail psychique se trouvent mobilisés contre ces institutions sensées les accueillir sur le constat fait que ces mêmes institutions agissent à l' opposé de ce qu' il est convenu de cerner comme geste utile à la résorbsion d'une situation déjà critique. Il semble bien que les services ministériels aient perdu le nord.


II


(17/07/08)

Après ce rappel de la situation concrète et présente de la question psy en France, dont bien des éléments laissent penser que la crise créée par Bernard Accoyer et ce qui s' inscrit dans ce type de raisonnnement infalsifiable, (le discours du maître ne s'embarrasse pas d'un rapport constant et déterminé avec la vérité qui seul permet la formation du jugement solide), ne cessera pas de sitôt, et ce, quelques soient les réécritures successives des décrets d'application et autres arrêtés qui y sont appendus, quelque soit le moment où cette écriture en folie s'arrêtera pour publication et application des décrets. Certes François-Régis Dupond-Muzart nous a amplement fait la démonstration qu'il n'y avait qu'une lecture possible de cet amendement, et que par conséquent, les décrets d'application devraient d'autant moins poser de problèmes ou de questions qu'il serait avéré qu'ils soient destinés à offrir de meilleures garanties de qualités de formations des psychothérapeutes, et de meilleures garanties offertes au public d'une protection effective contre les praticiens abusant du transfert pour des raisons idéologiques ou névrotiques, la passion de l'argent n'étant guère la plus représentative des glissements de sens de la vocation, puisqu' un rapide examen des revenus des praticiens démontre amplement que n'importe quelle profession est préférable à celle de psy lorsqu' on souhaite s' enrichir, surtout sans trop de fatigue.


L'état réel de la formation des psychanalystes se trouve très loin au dessus de toutes les exigences jusque-là formulées pour l'obtention du titre de psychothérapeutes, il suffit d'observer les réactions des organisations de psychologues pour s' apercevoir que ce qui est renvoyé aux rédacteurs de ces décrets et arrêtés travaillant dans les différents services ministériels, c'est qu' invariablement ces décrets ne serviront qu' à faire baisser la qualité des services de psychothérapie dans un contexte où il n'y a par ailleurs pas à se glorifier, [une erreur de frappe m' a d' abord fait écrire « se gorifier » ; je le signale à l'attention des lecteurs un peu informés], du sérieux des formations dispensées.


Le moindre examen de l' offre de formation en matière psy, pour autant qu'on veuille bien ne pas trop se demander ce que signifie exactement ces termes « d' offre de formation » , conduit à conclure qu'en dehors de l'Université, (de psychologie ou du département de psychanalyse malheureusement unique) , et de quelques organisations de psychothérapeutes qui ne se contentent pas de quelques week-ends dans les prés, ainsi qu'en dehors des effets de formation produits conjointement par la psychanalyse personnelle et la fréquentation studieuse des associations de psychanalyse où l'on travaille beaucoup et en permanence, il n'existe rien d'assez considérable pour occuper plus que quelques centaines d' heures l'attention d' un sujet soucieux de se former à quelque chose. Et rien ne dit, évidemment, que ces quelques centaines d' heures transmettent un savoir nécessaire et suffisant.


On ne peut donc conclure qu' une seule chose : c'est que les différents services ministériels, pour plonger comme un seul homme dans la même erreur d' appréciation, et revenir invariablement dans les mêmes ornières dont les « psys » sont quittes de toute accusation de les y avoir invités ou poussés, sont nécessairement contraints de se plier à des consignes venues d' on ne sait où, de se plier à une cohercition qui submerge leurs capacités à anticiper et à corriger les effets pervers qui suivraient la mise en application des dernières écritures fournies. Et pire, en eux-mêmes, ce décret adjoint à ces arrêtés crée de fait une situation où le transfert au psychothérapeute, sur lequel repose la capacité de son action, se voit d' emblée amenuisé, dès lors que soumis à des conditions administratives, et dès lors que le savoir lui-même faisant office de contenu de sa matière serait défini par voie administrative : peut-on administrer le savoir sur le sujet comme l'on administre les sommes allouées aux thérapies ? C'est le pari fait par cette « voix venue d'en haut », qui dicte ses conditions et sa théorie de la conduite humaine, sans la moindre référence à quelque culture que ce soit de la question. Un tel savoir est un savoir fou. De cette mégalomanie ne sortira rien qui vaille qu'on se forme à l'appliquer. Quant aux demandeurs de psychothérapies, pour autant qu'il leur reste un rien de raison, il est prédictible qu'ils fuiront à grands pas ces psychothérapeutes d'Etat. Il serait bon que les différents « acteurs » sur le terrain en prennent la mesure de manière anticipative.




III


(suite et fin 21/07/08)

J'en viens enfin à ce qui fait proprement le propos de ce billet. Chacun se rend bien compte qu' il est actuellement difficile à une chatte d' y reconnaître ses petits. La seule évidence c'est que les services ministériels, après avoir promené les uns psychothérapeutes comme les autres psychologues ou psychanalystes durant plus de quatre ans, en reviennent à leurs positions de départ, très rigides et sourdes à toute argumentation raisonnée ; l'on garde l'impression que les ministères détiennent dès le départ une vérité ineffable sur la question, qui leur vaut de pouvoir s' abstenir de prendre le moindre avis auprès des quelques centaines de personnes qu'on peut estimer capables de fournir des éléments de réflexion dans ce domaine, et permettre une approche tant soit peu éclairée ; mais il nous faut comprendre que la clarté des lumières dont dispose abondamment nos ministères efface les autres et les chasse dans l' ombre ; il nous faut également comprendre que nos esprits sont trop misérables pour être accessibles à ces clartés qui aveuglent nos rédacteurs de décrets et autres arrêtés.


De manière collatérale, les enseignements dans les facultés de psychologie sont charcutés à la mode cognitiviste, cette mode qui ne retient de l' intelligence que la capacité de répétition au détriment de la construction du raisonnement argumenté ; où un petit nombre de vérités intangibles sont déclarées taboues, inamovibles, parce qu' occultation nécessaire à la construction d'une théorie tautologique, d'une part, et parce qu' impossible à amener par argumentation raisonnée, d' autre part.


Ces vérités sont qu'il serait possible et nécessaire d'exclure la subjectivité des sujets qu'on examine à l'aide de méthodes introspectives projetées ; que les pensées sont des objets observables par des techniques d' imageries, (quoique celles-ci restent pour une bonne part à inventer); cette école de pensée se résume à un rejet des connaissances et des analyses antérieures, pour poser la fiction d'un homme nouveau, constructible selon des plans prédéterminés politiquement pour un bien évanescent, mais certainement pas neutre d'un point de vue politique ; il n' y a pas lieu d'un effort démesuré pour reconnaître le trait unaire des systèmes totalitaires ; il convient d'y reconnaître un reste, un reste emmagasiné, engrammé, un reste résistant, un reste de la « révolution nationale » du Maréchal Pétain, en harmonie avec les systèmes autoritaires au pouvoir dans d'autres pays européens alors, Allemagne, Italie, Espagne, Union Soviétique : il convient d' y reconnaître le reste macéré du cadavre de ce rêve d'union du peuple dans l'identification au chef, qui a nourri les charniers du siècle passé, et continue, bon an mal an, sa lente traversée des continents, infligeant la ruine de tous les espoirs d'une vie vivable.


Autant cette origine fantasmatique explique les difficultés de la gauche à se positionner face à cette attaque contre la situation républicaine, du fait de sa participation jamais dénoncée à ce rêve de l' homme nouveau, -à cet avatar du sauveur au moment historique de la détumescence du christianisme dans la représentation politique-, autant la texture même -fantasmatique- de cet homo cognitionis en fait la grimace, le pendant, l' inverse symétrique de l' homme de science. L' homme du temps de la science, alors, ce sera l'ignorant, fidèle à sa foi dans l' expression parlée de son maître, apprise par annonnement auprès de tous les systèmes de médias dont il convient de ne pas s' éloigner pour n' en perdre aucune nuance : et nous nous trouvons là face à la complexité diabolique qui fait du maître la marionnette du propriétaire, dans cette situation où le capitaliste a trouvé cette ruse pour accaparer le pouvoir en substituant la violence symbolique à la violence réelle. Ne restent pas moins prévisible des effets de déferlement de cette violence incalculable parce qu' omniprésente; elle forme le tissu même où se joue le déroulement du texte de la vie sociale. Comment croire que ces enchaînements soient dénoués de toute logique et que les conséquences des décisions apparemment immotivées soient imprévisibles ? Il ne suffit en effet pas de révoquer Lacan et ses enseignements dans tous les lieux où ils se sont établis par nécessité de fait, institions de soins, hôpitaux, lieux d'accueil, et surtout, universités...


Personne aujourd' hui ne sera assez contrariant pour réfuter que dans ses positions actuelles, le gouvernement cherche à prendre la direction des universités pour orienter lui-même la direction des recherches se fondant sur une notion préétablie qui assimile vérité à science et résultat à finance : il n' est pas nécessaire d' être très ferré pour constater que c'est le fondement même de l'université qui s'en trouve sapé : les sapeurs minent les fondements de la science qui procède de la reconnaissance de la vérité pour extraire la réalité d' une masse de mythes et autres rêves dilatoires, pour les remplacer par des bricolages qui leur semblent plus solides, la croyance du chef unifiant le peuple pour lui donner sa réalité. Il y a là une régression symbolique dont nul ne sait aujourd' hui par quel effet la société se sortira de ce délire passionnel à visée collectiviste.



Conclusion


« En effet, le moment est arrivé de donner une réponse sur le registre universitaire, et depuis l’Orientation lacanienne, aux problèmes actuels qui ont vu le jour en Europe à partir des tentatives de réglementation du monde “psy” et des psychothérapies. » Ce qu'écrivait Miquel Bassols dans le communiqué ci-dessus se trouve ainsi justifié.

Bien que la question de la place de la psychanalyse à l'université n'ait cessé depuis cent vingt ans de rester une question ouverte, (voir par exemple l'article de Myriam Mitelman sur Buvard & Désencré), il ne fait pas de doute que si l'université publique se trouve à présent dans l' incapacité technique de soutenir un enseignement cohérent de la matière psychanalyse, ce que je ne regrette pas moins que mes collègues universitaires, c'est à présent à une université privée de prendre le relai, au moment ou au moins quelques sociétés de psychanalyse ont pris acte d' une situation politique et de ses conséquences dans les enseignements à l'Université, notamment dans les facultés de psychologie où les freudiens sont en butte à la fermeture de leurs enseignements au moment où les étudiants se bousculent pour en demander davantage, où on leur répond en leur assénant du cognitivisme, qu'ils reçoivent comme le lait amer d'un sein tari, sans que les cognitivistes en sachent percer la cause et en corriger l'effet, qui selon eux devrait se situer tout bonnement hors-sujet.



Il se trouve que cette initiative se trouve avoir été prise dans le champ freudien, et plus précisément en tension dans l'orientation lacanienne. Je pense qu' aucun psychanalyste n' aura le coeur de simuler la surprise ou de s' en indigner. Peu d' entre eux perçoivent déjà la différence topique entre la psychanalyse à l'université et une université de psychanalyse. C'est une différence fondatrice d' un renouveau de l'enseignement clinique qui a pâti, depuis plus de trente ans, de la guerre interne sournoise menée par les éléments les moins érudits de l' enseignement clinique, -cela, aucun étudiant ne le contestera, après seulement trois mois passés en première année de psycho, (beaucoup se défaussent de leur carte d'étudiant par déception, voilà le tri opéré par le cognitivisme)- .



Toutes les difficultés inhérentes à une telle entreprise sont réunies dans l'incomplétude même de la gens analytique ; les différentes associations seront-elles suffisamment lucides pour apporter leur soutien ou participer à ce projet qui pourrait ou sans doute devrait laisser place à l'exposition de toutes les théorisations en construction, au-delà de l'enseignement de l'histoire de la psychanalyse ou de l'épistémologie freudienne ? Je ne le sais pas, il faudra sans doute de nombreux mois et que beaucoup de dialogues se nouent pour que s' édifie cette Université qui est proposée là à l' attention de toutes les parties intéressées.


Je pense simplement que les associations qui souhaitent que la psychanalyse s'arrête avec leur propre génération s'abstiendront même de réagir autrement que par ricanements intermittents. J' ajoute à cela que cette Université par sa seule existence réarticulera de manière plus réaliste les rapports de la psychanalyse et de la médecine, et au-delà de cela et par ce biais, de la science et de la réalité. Là est l'enjeu de cette proposition que j'accueille avec soulagement et à laquelle je vous demande de bien vouloir réfléchir.

Merci de votre attention,


DK



mercredi 2 juillet 2008

limites

Arrêté délire l'article 52

Comment faire état simplement d'une réaction à quelque chose d' aussi insaississable qu' un « projet d’arrêté subséquent au projet de décret d’application de l’article 52 »?


Ou bien le lecteur sait de quoi il retourne, tel que je le suppose, à savoir pas forcément tombé par hasard sur ce billet du blog, mais venu ici par curiosité pour pêcher une réaction énoncée au milieu du grand calme plat collectif autour de cette nouvelle action; ou bien le lecteur ne sait pas, auquel cas il lui est humblement demandé de suivre le lien indiqué plus haut vers le site LTA. Cette nouvelle action administrative d' écriture est-elle simplement destinée à mater la folie à la manière policée du discours du maître, qui n' a guère de souci des effets de son énonciation, dès lors que ceux qui le portent n' ont d'autre souci que d' effacer toute trace d' alternatives ? Ou cet acte d' écriture ne vise-t-il qu' à contourner de manière phobique la question de la folie en générant une façon de redresser les esprits ?


Je vais, par artifice d' écriture, supposer que le rédacteur dudit arrêté est un rédacteur naïf, qui ignore par vocation autant que par acharnement volontaire toutes les conventions qui ont cours à l' intérieur du domaine psy, à commencer par celle qui consiste à bien vouloir prendre en considération de manière forte et ferme, que le savoir concernant ce champ, n'est qu'une convention, un tissu d' hypothéses cohérentes et tenables ; et puis, de manière secondaire, que cette convention de savoir se construit sur la reconnaissance implicite du fait que ce savoir est relatif au fait même du langage ; et que ce fait même du langage conduit à formaliser une distinction de fait entre la chose et le signe qui la conditionne ; de sorte qu' il ne peut qu' échapper à ce rédacteur naïf qu' il traite du signe alors même qu' il est convaincu de traiter de la chose, par la manipulation des signes à laquelle il se livre, pourtant impuissante à l' encercler, et même de loin.


C' est cette impuissance même qui conduit ce rédacteur naïf à répéter jusqu' à plus soif son assise sur la vague et floue notion de « trouble » ; faut-il qu' ici je cite ? Fort bien :


« — Une capacité de discernement des grandes pathologies psychiatriques :

C’est-à-dire la connaissance des grandes entités psychopathologiques aux différents âges de la vie, avec la capacité de repérer les troubles psychopatologiques. La connaissance de la symptomatologie relevant de ces différents troubles. Aptitude à reconnaître, d’une part, les troubles qui apparaissent aux différents âges de la vie, à savoir les troubles de l’humeur, les troubles anxieux et les troubles psychotiques ; et d’autre part les troubles spécifiques d’une période de la vie. Ainsi, pendant l’enfance et l’adolescence : connaissance des troubles envahissants du développement, des troubles des acquisitions, du retard mental ; connaissance des troubles des conduites, des conduites de dépendance ; à l’âge adulte et au cours du vieillissement : des troubles de la personnalité ; de l’évolution de ces différents troubles, mais également des états confusionnels et des états démentiels. Il est également attendu des connaissances approfondies des conduites addictives, des différents troubles psychopathologiques post-traumatiques ou consécutifs à une atteinte somatique (par exemple : cancers, maladies infectieuses, maladies neurologiques, diabètes, …). »


En somme c'est bien simplement qu' est tracée la différence entre le normal et le pathologique : quand quelque chose ne va pas, c' est trouble, et alors là il y a quelque chose que le psychothérapeute devra connaître, et c' est la nature de ces troubles. Et ce bien ententendu, à la lumière de la capacité de discernement des « grandes pathologies psychiatriques » ... Quant à la texture des connaissances du psychothérapeute, elle est laissé au flou :


« — Une connaissance des fonctionnements et des processus psychiques :

Qui comprend la connaissance du développement normal de la naissance jusqu’à la fin de la vie, en passant par les grandes étapes du développement, à savoir le bébé, l’enfance, l’adolescence, l’ âge adulte et la vieillesse. Les différentes étapes des développements affectif, comportemental et cognitif doivent être connues. La connaissance des déterminants psychosociaux des comportements individuels, notamment des phénomènes d’ influence et de manipulation d’ autrui. Une connaissance des grandes fonctions comportementales, motrices et cognitives est également nécessaire. De plus, il est attendu que la démarche adoptée soit une démarche intégrative, c’est à dire qu’elle aborde ces notions selon différentes approches, qui seront considérées comme autant d’ éclairages distincts, sans se cantonner à un seul point de vue théorique. »


Fonctionnement, processus, étapes du développement, bébé, enfance, adolescence, etc, étapes des développements, etc, etc... sont posés là comme des objets de connaissance, mais des objets dont le statut est d' être posés ici comme des objets réels et non comme les faits de discours qu' ils sont... C' est de ce fait même que la psychanalyse se trouve intégralement révoquée, que la psychanalyse lacanienne se trouve implicitement et très malproprement éconduite, même si l'on songe à la faire rentrer par toutes petites doses par la fenêtre, lorsqu' on aura trouvé comment l' ouvrir. Tacitement la psychanalyse est considérée comme ce dont il faut détourner le psychothérapeute.


Je ne vois pas comment il serait possible de discourir de ce projet d' arrêté sans durcir et le ton et la portée de la critique. C'est à vrai dire un travail ingrat, de forçat, de bagnard, auquel je ne vois pas pourquoi et au nom de quoi m' astreindre, pour la portée d' efficace que je constate lorsque je lis la progression de ces écritures ; mes collègues étant par ailleurs tout à fait aptes à en prendre par eux-mêmes la mesure.


Il me suffira de souligner que dans ces dernières et différentes étapes de construction de la profession de psychothérapeute, les services du ministère et des différentes administrations dépassent en cauchemardesque les pires de nos prévisions les plus pessimistes. Oui, ces écritures sont des provocations permanentes, un véritable harcèlement contre les professions s'occupant des folies, auquel jouent les services de l'Etat. Pour leur propre bénéfice, c'est la conclusion implacable qui s' en tire. Oui, chaque détail nous révèle la volonté de manipulation des esprits par ces services dont on ne voit ni les racines ni les objectifs, sinon qu'ils sont contraires aux valeurs fondatrices de cette république. Oui, nous constatons que la « sensibilisation à l'éthique » prévue par ce projet d' arrêté ne dépassera jamais celle des promoteurs de cette écriture ; qui en ignorent jusqu'aux prémisses.


Pour ma part, j'inciterai volontiers les rédacteurs naïfs de cette nouillerie délirante de réserver leur talent à l'écriture d'articles dans des magazines de psychologie grand public, puisqu' à l' évidence ils ont le niveau requis pour comprendre le salmigondi new-age qu' on y trouve, mais pas plus. Mais qu' ils épargnent leurs concitoyens de subir les effets de leurs incompétences jumelées en matière juridique, (voir LTA), et scientifico-académique.


DK


PS du 6 juillet: voir aussi http://www.lta.frdm.fr/-Chronica- où l'on trouvera la matière qui provoque ces réflexions ainsi qu'un lien vers la récente prise de position de Jacques-Alain Miller dans "Le Point".

mercredi 18 juin 2008

ombres et antennes

Qui s'y colle... (à l'examen des décrets)...

Comme cela, livré sans commentaire, pour information, cette nouvelle proposition de décrets d'application nous livre une opacité qui ne se dissout qu'au prix d'une lecture juridique rigoureuse, patiente, régulière . J'ai pu observer durant toutes ces années que sur ce forum comme sur tous les sites associatifs, il n'y a eu qu'une et une seule personne pour mettre sa compétence en matière de droit public au service des personnes intéressées et des associations, et ce de manière constante .


C'est un travail gigantesque qu' a entrepris François-Régis Dupond Muzart, connu également sous ses initiales frdm, tous ses commentaires étant à disposition sur le site LTA.frdm.fr . Depuis qu'il s'est aperçu de la situation juridique particulière de la psychanalyse, au point qu'il n'en est pas encore revenu, François-Régis continue, quotidiennement, à suivre l' affaire, et cette affaire, personne dans le champ psy n' y comprendrait quoi que ce soit sans ce travail . Etant donné qu'à la connaissance de tous, il n' y a strictement aucun autre juriste compétent en droit public qui se soit penché, et avec quelle générosité, et avec quel courage sous les horions, sur cette loi et ces décrets d'application en tant qu'ils nous concernent très concrètement, il est étonnant qu'il faille le rappeler à chaque tournant, il y a là quelque chose que les psys ne veulent pas savoir, et qui concerne la délimitation juridique de leur praxis, et qui se présente comme un refus de la castration symbolique. Je ne puis que les renvoyer à leur examen intime .


Et j'en ai lu, durant ces quatre ans et quelques, des réactions de rejet, d'incompréhension, et j'en ai vu, des haussements d'épaules, et jusqu' à des diagnostics jetés à l' emporte pièce sur la personne, avec pour seul point d'appui qu' il [frdm] se permette, alors non encore psychanalyste, de parler de la loi, et ceci, ces « jugements » cliniques, énoncés par des ex-membres de l'école freudienne de Paris, et de ceux qui nous jouent de l'éthique comme de l'harmonica blues ...


Alors, faut-il encore le préciser, si vous voulez apprécier ce que ce décret, tel qu'il est écrit pour l'instant, nous retranche, il vous faudra recopier l'adresse

http://www.lta.frdm.fr/20080613-Recapitulatif-sur-projet-de-decret-Art-52-du-3-juin-2008-soumis-au-133

et prendre la patience de lire précisément et en détail la lecture qui en est faite .


Vous apprendrez ainsi que les discussions et allées et venues continuent au ministère de la Santé, et que, malgré les indications, critiques, commentaires faits [par frdm] selon les procédures juridiques adéquates, dépôts de mémoire, etc, les rédacteurs du ministère restent curieusement maladroits dans leurs formulations, allant jusqu'à rédiger des décrets illégaux, prévoyant des « dispenses de formation », et laissant le sort des psychanalystes désirant venir s'inscrire, -sur ces listes de psychothérapeutes, pour des raisons que l'on a encore du mal à cerner, tant la situation concrète de l'emploi des psychothérapeutes par les services publics reste floue- , laissant leur sort à l'arbitraire administratif, et laissant en place une situation dans laquelle, aux yeux du public, les psychanalystes inscrits sur ces listes et eux seuls passeraient pour les psychanalystes certifiés par l'Etat, alors même qu'il n'y a aucun moyen de savoir ce qu'aura été leur formation, puisque dans une telle situation n'importe quoi peut apparaître comme psychanalytique .


Sur ce dernier point je ne puis que tirer une seule conclusion solide : les petites associations auront intérêt à se fédérer ou à s'associer à l'AMP ; les psychanalystes un par un devront la survie de leur praxis au fait d'accepter de s'impliquer davantage dans les associations, et c'est plus ou moins la fin des psychanalystes isolés; je précise que je ne vois là aucun drame, le déballage des dernières années leur a permis de s'exprimer et à mon sens, ils ont été entendus, tout le monde a compris en même temps que quelque chose devait changer et que les procédures devaient être revues à la lumière de cette apparition spontanée et non institutionnalisée même après coup, d'un grand nombre de psychanalystes qui se disent lacaniens, ils ont été entendus, puisque de manière très large, dans les associations, les procédures sont en quelque sorte mises en examen, j' ajoute qu'il était temps .


Il est étonnant que la mise au point d' une psychanalyse inscrite dans son temps ait été favorisée par l' adversité d'un député pugnace, cerné par ses arguments auto-référents et logiquement irrecevables, pour autant plus qu' on veuille bien se pencher sur les conditions de la fabrique, où l' on s'aperçoit que les psys ne sont qu' une toute petite pièce de la machine à décerveler qui s'est mise en place1 .


La lutte contre cette méthode de gestion des foules, qui s' oppose à toute conception soit démocratique soit républicaine, n' a rien à voir avec la lutte de pur prestige des uns montés contre les autres, malaxée du dehors du « carré psy », qui rentrait dans les intérêts du calcul gestionnaire . C' est une lutte froide, sensée, vitale, où chacun doit à sa pratique l'examen des conditions de son maintien, au-delà de l'exposé du bien fondé de chaque méthode, puisqu' il y en a d'autres que freudiennes sur le terrain . Et c'est précisément là qu' historiquement la compétence des psys d'aujourd' hui sera jugée à l' aune de leur capacité à résister pied à pied au malaxage du champ psy par le pouvoir, pour le maintien en soumission des foules, sans le moindre respect pour les institutions qu'elles se sont construites au fil du temps, qui n' ont jamais été juste au service des gouvernants .


Alors à l'heure où ceux-ci voient leur chemin de Damas dans la pensée gestionnaire et pensent la politique dans des termes de justification comptable servie aux électeurs, on ne peut guère s' attendre à voir apparaître une société pacifique et productive ; il serait même temps que les politiciens viennent recevoir des leçons, de ceux-là même auxquels ils pensent avoir à en donner, au prétexte d'un savoir haché ramassé sans critique lors d'un séminaire de gestion de fin de semaine, et reçu dans des conditions de transfert exacerbé par le prestige alloué par le luxe de déclarations emphatiques de la plaquette publicitaire du séminaire en question .


A bon entendeur salut .


DK

1Voir http://la-liste-noire.nouvelle-religion.fr/9.html toutes les pages sont à lire...

lundi 26 mai 2008

rien d'autre que les pieds

Précis et judicieux


J'ai une proposition à vous soumettre.


Si, lorsque vous demandez à un médecin que vous consultez de vous prescrire un scanner parce que vous pensez que vous êtes atteint d'une maladie grave, un cancer, et que celui-ci vous rassure de quelques bonnes paroles qu' il n' y a aucune raison de faire un examen, vous laisse partir sans prescription, diagnostic, examen ou conseil d' aller consulter un autre médecin, faites-le savoir, fuyez sa consultation, et consultez autant qu' il faudra jusqu' à ce que les avis convergents auront assez de solidité et d'étayage pour vous convaincre au cas où rien n' est détecté.


Cela vous sauvera sans doute la vie.



Certains médecins en effet se sont fait une idée idéalisée et aberrante des " bonnes pratiques " que la triste gestion droitière, calculatrice mais piètre comptable de la sécurité sociale soumet à leur exercice, -ce dont ils peuvent très largement se décoller-. D' autres médecins sont hélas très incompétents. D' autres encore ont des comptes à régler pour des raisons transférentielles avec certaines professions, psy notamment mais d' autres aussi.


Une amie infirmière psychiatrique en Alsace à qui son médecin a dit que " c'était dans la tête ", jusqu' à ce qu'elle aille consulter un rhumatologue qui blêmit en lui découvrant une maladie de Hodgkin au stade IV; une autre amie infirmière, dans les pyrénées, déja soignée auparavant pour un cancer, que son médecin refuse d' écouter durant quelques mois, malgré ses protestations, jusqu' à ce que la petite tache grossisse; moi-même, qu'un spécialiste de la bouche a rassuré après une biopsie bâclée au cabinet, assurant qu' il s'agissait de stress, (-intéressant, n' est-ce pas, le stress : pas de preuve, pas d' argument, et surtout, pas de contenu psychique); et à qui un médecin, averti pourtant des antécédents, a à nouveau refusé un scanner sous le prétexte " qu'on n' en fait pas pour cela " ... et pour finir, reçoit une engueulade (polie tout de même si un fort déplacée) de l' orl (très chaleureux) consulté à l' IRC de Toulouse, pour devoir avoir été suffisamment averti pour ne pas "laisser traîner" ... -et la confiance faite au médecin ? - Encore faut-il qu'il en soit digne.


Je n' ai pas cherché à collationner les histoires : mais chaque fois que j' ai posé la question à un malade atteint gravement j' ai trouvé en antécédent le récit d'un médecin qui avait refusé d' écouter.


Concernant ce qui m' arrive, et pour élever le débat, il se trouve que le médecin que j' ai consulté dans le village de N. (32), fait partie d' un groupe de médecins qui se réunissent régulièrement pour discuter de leurs « cas » ; ils ont cette tradition du « premier patient du mardi matin » dont ils font récit après tirage au sort; en voilà au moins un qui sera un peu mieux traité ; ces réunions se font « à la Balint » , mais sans psychanalyste, et ce, alors que jamais seulement l'un d'entre eux eût été en analyse ou eût jamais participé à un vrai groupe Balint. D' ailleurs, une des participantes me l'a assuré, tous les participants se sont formés en quelques week-ends à la programmation neuro-linguistique, (la trop fameuse PNL), dont ils ont eu grâce à sa publicité autoréférente et massive, pratique grâce à laquelle les participants se trouvent dès lors à leurs yeux parés, mais de quoi donc ? D'une très imaginaire maîtrise de la communication ; qui n'est rien d'autre que la croyance fermement martelée, par des techniques d'hypnose, de l' adéquation pleine et entière entre leur pensée projetée sur l' autre et la réalité de l' autre. Il est facile d'en convaincre des individus que leur formation ne prépare pas au maniement critique de concepts psychologiques ou philosophiques qui demandent des années d'études critiques et de préparation éristique, heuristique, et méthodologique. Les effets de transferts latéraux ne sont même pas entr' aperçus et pire, soupçonnés. C' est en somme le règne de l'innocence paradisiaque, où l' arbre de la connaissance, c'est la reconnaissance par l'autre de l'intention noble de soigner bien ; alors il n'y a rien à chercher ailleurs, tout ce qu'il pourrait y avoir à savoir est supposé déjà su dans le groupe ; et ce qui se trouve divisé dans ce partage, et perd de sa densité dans ce type de division, c'est l' hypothèse même qu' une telle structure groupale dispose du savoir pertinent pour aborder les questions transférentielles, alors qu'il n'en a ni le concept, ni la méthode, ni les exigences éthiques. Rien de bon ne peut émerger d'une pratique telle, on ne peut en attendre que des dégâts dans un contexte de méconnaissances et de dénis.


Ainsi l'on voit comment l' ignorance, dont Lacan rappelait, après Descartes, le caractère passionnel, trouve ses alliances avec les délires partagés pour protéger des pratiques perverties (celle des groupes Balint), perverses (PNL), mortifères (association de méconnaissances), et de ce fait crée et propage des maladies iatrogènes sous le meilleur prétexte de rationalisation des soins et des coûts, tout cela vous a un petit goût de thé chez la baronne, en toute innocence pétris de bons sentiments. L' éthique médicale existe, elle est très exigeante, c'est très dommage que si peu de médecins soient assez rigoureux, humbles et honnêtes pour se tenir à sa hauteur ; mais il y en a, j' en fréquente quelques-uns, qui m'ont convaincu qu' il y a une possibilité de dialogue entre médecins et psychanalystes, entre médecine et psychanalyse. Les psychanalystes consultent des médecins, et il est beaucoup moins massivement reçu que les médecins consultent les psychanalystes. C'est bel et bien du côté des médecins que se trouve la résistance massive, le repli quasi psychotique à l' encontre de la psychanalyse, et il n'est malheureusement pas rare d' entendre, au cours même d'une consultation chez un médecin, les propos les plus scabreux, faux, méprisants à l'égard de la psychanalyse et des psychanalystes : une telle réaction face à un névrosé qui demande une introduction conduit plus d'une fois à une aggravation que la chimiothérapie souvent inadaptée, -l'essentiel de la formation des médecins étant effectuée par les visiteurs envoyés par les laboratoires pharmaceutiques- , et quand ce n' est pas qu' une aggravation, aboutit trop souvent à des suicides qu'on peut dire directement provoqués par la surdité et le manque de tact, pour ne pas parler de la psychopathologie du médecin, enterrée sous un fatras défensif contre la psychanalyse qui provoque une réaction contre-transférentielle agressive mortifère chaque fois qu' un patient, pour son malheur, demande conseil ; je ne suis à ce jour, pas du tout convaincu que seule le masochisme de tel patient dans le choix de son médecin soit la seule mise en cause possible dans ce type « d' accident » que l' on pourrait très largement éviter si l'Ordre des Médecins s'occupait de ses propres charlatans au lieu de les pousser à combattre des cliniciens qui eux au moins savent de quoi il retourne et ne comprennent pas très bien pourquoi ils devraient encore continuer longtemps à se taire sur des pratiques insoutenables dans quelqu' ordre que ce soit.


Vous n'oubliez pas, si vous pratiquez ce blog ponctuellement, qu'il est issu de la chasse aux sorcières contre les psys initiée par un médecin sous le prétexte mauvais d'une vengeance personnelle, dont le fait déclencheur n'est d'ailleurs établi que très vaguement, par un simple dire qui demande à être cru sur parole, la parole d'un qui vaut mieux que faits, arguments et preuves ; qu'une telle chasse au sorcière fasse suffisamment de bruit pour mener l'agitateur à une position éminente, c'est une chose étrange; que les conséquences de l'agitation soient ensuite étouffées car elles pourraient bien profiter aux psys quand on souhaitait qu' elle les éliminât, c' est encore plus étrange. Il faudra bien un jour que l' instigateur s' explique devant le tribunal de la raison.


Mais le constat que cette campagne, qui a agité le bonnet des médecins, et dans le sens innocemment imprévu de faire entendre à certains d' entre eux, qu'ils devaient largement user de leur position, ou pour refuser de soigner, ou pour refuser d' indiquer, et jusqu'à déconseiller les seuls soins adaptés, laisser mourir les patients venus là en toute confiance, ce constat n'est pas étrange, mais amer, et malheureusement, réaliste. J'invite les spécialistes de l'inconscient que mes propos choquent d'en débattre ici ou par e-mail. Je ferai ici état quoi qu'il en soit des protestations éventuelles de mes collègues si certains devaient trouver mes propos déplacés. Cela nous mènera sans doute à des perspectives intéressantes sur la création des paranoïas plurielles.



Cela étant, il y a également des pôles d'excellence, des lieux pour lesquels le terme n'est pas ridicule. L' IRC de Toulouse en est un exemple, et cela s'y manifeste à chaque endroit et à chaque corps de métier, compétence, ouverture, gentillesse, sourires. Quelque chose qui ne se simule pas, croyez-moi. C'est très dommage que cette excellence serve trop souvent à rattraper les dégâts provoqués en amont par des consignes contradictoires, contre productives, incohérentes sauf dans leur létalité.


Pour ne pas terminer sur une note triste, tous mes remerciements à mes amis médecins de leurs efforts, de leur courage, de leur pugnacité dans ces temps d' aberrations géantes.




vendredi 11 avril 2008

la pêche, vous avez la pêche, comme c'est la pêche

L'AVENIR DE L'ESSENTIEL

L'essentiel a-t-il un avenir?


L'essentiel, blog mal nommé puisqu'en tapant « l'essentiel » sur les moteurs de recherche on trouve l'essentiel de la coiffure et ce que vous voudrez d'autre allant de l'automobile à « l'Humanité ». En inscrivant « l'essentiel de la psychanalyse », vous aurez plus vite trouvé l'article wikipedia sur « le livre noir de la psychanalyse », (qui est finalement la cause première de ce blog!), que ce blog même... Je remarque en outre en étudiant quelques statistiques que beaucoup de lecteurs arrivent ici parce qu'ils cherchent des renseignements sur le rêve, etc... (avis aux collègues qui désiraient des précisions, me contacter).


Ce que je voudrais préciser aujourd'hui à ses abonnés aux flux RSS ainsi qu'aux autres lecteurs assez réguliers de ce support, qui ont peut-être constaté les derniers temps une activité moindre, c'est que j'ai été amené à relâcher mes efforts de ce côté-ci, d'une part parce que j'ai un article à terminer pour une revue en langue étrangère, (publication bilingue, avis au amateurs, précisions dès parution), et que d'autre part, j'ai été rattrapé par des problèmes de santé, qui m'ont conduit à arrêter toute activité de consultations et de séances depuis il y a quelques jours jusqu'à début juillet.


Le maintien en vie de ce blog me demande donc plus d'effort que d'habitude, mais par fidélité envers ses lecteurs, mes amis, collègues, « compagnons de lutte »(!), autant que possible je continue pour autant que j'ai les mains libres et un ordinateur relié au web à portée de corps, (la voilà la place du corps dans l'espace virtuel!).


Autant dire que les témoignages de sympathie seront accueillis avec la gravitude qui convient.


Quelques conséquences : le numéro 3 de « l'essentiel underground papers » qui est la version papier de ce blog, (voir éditions des branas), que je prévoyais pour juin ou juillet, sera probablement retardé d'un mois ou deux, et devrait compter environ une centaine de pages, alors que le premier numéro qui est un numéro double, en compte 155 dont une quarantaine de photos. D'autre part, ayant choisi de saisir au bond, de traiter de ce que j'ai à ma portée, il est possible que pour quelques temps, la suite du blog traite davantage des rapports entre médecine et psychanalyse, et ce, un peu comme de coutume, pour ceux qui y sont sensibles, à la manière du journalisme gonzo, les lecteurs de Hunter S. Thomson s'en étaient avisé, je l'espère.


Quoique cette référence ne fasse pas forcément de ce blog le pendant psychanalytique de « Las Vega parano », je suis tout de même conduit à me demander d'où vient la maladie qui me frappe, d'autant que quelques amis me susurrent, mais enfin, n'est-ce pas un peu étrange, que toi, psychanalyste, tu sois atteint de cette chose justement à cet endroit... Alors si seulement je pouvais répondre à tous en une fois pour éviter de me lasser à chasser les intentionnalités ambigües de mes entours ! Oui, sans doute, il peut y avoir quelque chose qu'on appelle somatisation, mais d'abord, trouvez moi un médecin qui m'en démontre l'arc réflexe, sans quoi, l'on est dans le champ de l'imaginarisation du symbolique, ou au mieux, de la symbolisation de l'imaginaire ; mais toute la question, c'est de savoir celui de qui, entre ma personne et celle qui me parle. Cela d'une part. Et d'autre part pour autant que je puisse imaginer des causes pathogènes à un certain nombre de choses qui m'ont atteint les dernières années, je tirerais d'abord mon chapeau aux thérapeutes qui se sont amusés à me qualifier de raver de manière telle qu'en typant mon nom sur google on trouve d'abord leur méchante prose, -s'en prendre à un individu isolé, quel courage-, et s'ils réussissent à me rendre malade de leurs assertions, sans doute devraient-ils être capable de m'en guérir; enfin je vous ferai savoir publiquement leurs excuses dès réception, advienne que pourra- . Et ensuite, mais loin derrière, j'incriminerais des trahisons, des manquements et oublis.


Et puis, je soulignerais que ceux qui, de mon proche entourage, ont nettement, formellement et fortement marqué leur soutien et leur amitié, avec une mention spéciale pour Mont de Marsan, m'ont certainement permis de ne pas y laisser la peau. Comme dit Serge, « azoï iz es ». Tout cela permet largement d'oublier les boudeurs qui font encore le tournedos.


Cela étant dit, les lecteurs de la version papier du blog m'ont dit qu'il était agréable de la manier, de la prendre en main, d'en lire quelques lignes, puis d'y regarder quelques images ; agréable à poser et à reprendre : en somme la lecture idéale de salle d'attente, dans son oecuménisme même; elle pourrait même être chic chez les médecins et dentistes, mais enfin, j'avais plutôt pensé aux collègues psychanalystes et psychologues, en décidant d'une version papier. Il est vrai que le numéro double peut paraître un peu cher, mais pas plus que d'autres revues... Comme c'est de la micro-édition, rareté, il faut une quinzaine de jours pour le recevoir, mais comme cela paraît tous les six mois... Et puis, ne pas oublier qu'on ne le trouvera jamais en librairie...


Alors voilà, cette note supplique publicitaire étant à nouveau jouée aujourd'hui dans ces conditions et avec cette annonce, il est évident que l'avenir du blog et de « l'essentiel underground papers » s'avère avoir à tendre vers une dimension critique d'autant plus incisive et lourde que le temps de lecture sera allégé; c'est à dire, si je n'ai droit qu'à un mot pour me faire entendre, ce sera, par exemple, le rut d'abracadabrut!


Z'à une prochaine, mes amis.


D.K.

dimanche 30 mars 2008

un ange passe, impair et manque.

Enigma

Une amie m'a envoyé il y a quelques jours l'interview de Jacques-Alain Miller dans l'hebdomadaire "le point", qui lui pose quelques questions sur la personnalité du chef de l'état et sa possible évolution sous les contraintes adaptatives du pouvoir. Un rien ironique sans doute, mais c'est peut-être lié à la contrainte adaptative au journal hebdomadaire, et si l'on me laisse le choix, je prendrai plutôt le journal de bord de JAM. Mais enfin, c'est tout de même à lire, pour la formation du goût républicain.

Dans le même ordre d'idées, -à savoir, dis-moi ce que tu lis, et je te dirai qui tu es-, je vous ai trouvé un excellent article, "L’inquiétante pensée du mentor écologiste de M. Sarkozy", dans le monde diplo, il y a des jours comme ça, cryptiques, enigmatiques. Qu' est-ce que l'écologie a à voir là-dedans? Tout est politique, (y compris les tautologies).




samedi 22 mars 2008

la porte

PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE

Communiqué amical:

Mise en place et pratique de la
Pédagogie Institutionnelle

3e jeudi du mois, 19-22 heures
Espace Relais
2 rue Pasteur
92230, Gennevilliers

— entrée libre —


Rencontres mensuelles destinées aux personnels des écoles. Les enseignants des CLIS, EGPA, UPI, RASED, classes relais, etc., toutes structures d’éducation accueillant des enfants en difficulté, sont les bienvenus. Les problèmes de pratique les plus divers pourront être abordés.

Nous tenterons, par leur analyse avec les outils de la P.I, d'ouvrir d’autres perspectives sur le fonctionnement de la classe, d'apporter un soutien aux maîtres et, en les aidant à dénouer certains conflits, de dépasser les situations d’échec, souvent stéréotypées, où vont échouer certains élèves.

Le caractère d’ateliers de ces rencontres tient à la participation de chacun. Les témoignages des uns et des autres constitueront l’ordre du jour. Chaque séance sera introduite par un invité, enseignant pratiquant la P.I., qui parlera de son expérience et nous aidera dans la discussion de l'ordre du jour.

La projection de documents filmés est envisageable, au cinéma Jean Vigo voisin.


Programme 2007-2008

5 décembre
Cécile Bent (prof. E.P.S en collège)
17 janvier
Delphine Blind (prof. CM1/2)
21 février
Anouk Ribas (prof. en primaire)
27 mars
Yasmina Sebbar & Blandine Soulerin
(référentes P.R.E.)
Alain Poudoulec (La Borde)
Patrice Buxéda (enseignant P.I)
17 avril
Carelle Mesnil (prof. E.P.S en collège)
22 mai
(à compléter)
19 juin
Catherine Pochet (enseignant P.I)

Accès
Métro : ligne 13, Gabriel Péri
Bus : ligne 304, Camélinat-Jaurès


CONTACTS


Michel Roussan 01 48 04 88 33
mail : m.roussan@free.fr
Jean-Marc Guérineau 06 60 69 40 55
mail : jean_marc.guerineau@club-internet.fr

samedi 15 mars 2008

your tube 2

Contre-modèle québecois en matière de législation des psychothérapies.


" 187.4.3. Toute poursuite pénale pour exercice illégal de la psychothérapie ou pour usurpation du titre de psychothérapeute est intentée par l'Ordre professionnel des psychologues du Québec, sur résolution du Bureau ou du comité administratif. »


Est-ce un cauchemar orwellien? Mais non, il s'agit seulement du nouveau projet de loi québecois visant à réglementer l'exercice de la psychothérapie. Et là, dans ce nouveau projet, pas la moindre nuance à l'égard de l'histoire, qui est simplement un songe révolu et un tissu d'erreur, ou alors, c'est incompréhensible. Voyez cela : cette loi crée de toutes pièces un exercice illégal de la psychothérapie et une usurpation de titre, titre qui est, il faut le souligner, créé par la même loi; si le législateur québecois ne s'embarrasse pas de nuance pour désigner un exercice illégal, c'est qu'il est en mesure de définir un exercice légal, que voici que voilà:


« La psychothérapie est un traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé. Ce traitement va au-delà d’une aide visant à faire face aux difficultés courantes ou d’un rapport de conseils ou de soutien.

L’Office, par règlement, établit une liste d’interventions qui ne constituent pas de la psychothérapie au sens du deuxième alinéa mais qui s’en rapprochent et définit ces interventions.

« 187.2. — Tout médecin, psychologue ou titulaire d’un permis de psychothérapeute doit exercer la psychothérapie en respectant, outre les lois et les règlements qui le régissent, les règles suivantes :

1° établir un processus interactionnel structuré avec le client ;

2° procéder à une évaluation initiale rigoureuse ;

3° appliquer des modalités thérapeutiques basées sur la communication ;

4° s’appuyer sur des modèles théoriques scientifiquement reconnus et sur des méthodes d’intervention validées qui respectent la dignité humaine.

« 187.3. — Pour obtenir un permis de psychothérapeute, une personne en fait la demande au Bureau de l’Ordre professionnel des psychologues du Québec et acquitte les droits annuels que le Bureau fixe par résolution. »



etc...

Je ne commente pas en détail l'ensemble du texte, que l'on peut trouver à l'adresse, [page LTA], grâce à la vigilance de François-Régis Dupond-Muzart, comme c'est toujours le cas dès qu'il s'agit de questions relatives aux aspects juridiques de la psychanalyse et des psychothérapies, et souvent le cas pour bien d'autres choses.



DK


jeudi 13 mars 2008

petite place politisée


"Mais rien ne serait arrivé sans le lobbying de la commission d’enquête parlementaire."

Sectarisme, sectaire, sectes, sexe, dans leur rapport à la perversion, ou père-version.

Une fois n'est pas coutume, un extrait:

"Depuis sa publication en Janvier 1996, le contenu du rapport de la commission d’enquête n’a cessé d’influencer les réflexions et les décisions des autorités politiques et administratives. Malheureusement, ce fut au détriment de la liberté de conscience, de religion et des droits des 172 minorités citées dans le rapport.

Dans bien des cas, il suffit de faire remarquer qu’une association spirituelle figure sur la “liste noire” parlementaire pour que ses membres subissent un traitement discriminatoire. Les témoignages sont chaque jour plus nombreux : des membres de ces groupes sont évincés d’un emploi public ou privé, se voient refuser le droit de passer un contrat avec l’administration, d’exercer leur art, d’utiliser des équipements municipaux ou des salles de concert. Ils peuvent être victimes de boycotts économiques et il leur arrive d’être dénoncés en public. Ces agissements sont tolérés si ce n’est suscités par des fonctionnaires de l’Etat ou des élus."

.....

"Nous sommes aujourd’hui en droit de demander sur quoi reposaient les conclusions de la commission d’enquête parlementaire, reprises dans un rapport aux conséquences désastreuses. Comment la liste des “sectes” fut-elle réellement compilée ? Qui en fixa les critères, et à partir de quels faits ?

Car ce rapport n’est pas seulement une étude bâclée : il a été vivement critiqué par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme et de nombreux universitaires spécialistes du domaine religieux qui ont étudié les méthodes de travail, les conclusions et les recommandations de la commission.

De plus, par quatre fois au moins, des tribunaux français ont réfuté toute valeur juridique au rapport parlementaire."

lire l'intégralité:

http://la-liste-noire.nouvelle-religion.fr/index.html

merci au "Figaro", ou le lien apparait comme sponsorisé en fin de page

[cliquez ici pour atteindre la page du Figaro]

vendredi 7 mars 2008

guignolet

Note à Béné sur le projet de décret pour l’exécution de l’article 52 relatif à l’usage du titre de psychothérapeute.

ADJONCTION DU 11 MARS 2008 :

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-03-05-chomage

juste pour remettre les pendules en l'état.

____________

Un nouveau projet circule, serpente, s'insinue dans nos coeurs, et que nous veut-on ? Pour ceux qui n'ont pas suivi cette affaire les derniers jours, je glisse l'adresse suivante, [http://www.lta.frdm.fr/20080100-Projet-de-decret-pour-l-execution-de-l-article-52-relatif-a-l-usage-du-124], excellente comme d'habitude.


Mon propos conduira ailleurs : je remarque en effet que de manière concomitante, (comme qui ?), reviennent sur le devant de la scène des propos de gens à présent haut perchés, qui n'ont guère été rassurés par la tranquillité bonasse de toutes ces professions qui s'occupent de soigner les fous par la conviction qu'ils forment une part non négligeable et oh combien méconnue de l'humanité.


Et ça recommence, ces propos incongrus sur les sectes, toute cette pensée de bazar, ces cogitations ineptes, ces creuses agitations verbeuses. L'INPES s'est ridiculisé auprès de tous les professionnels compétents en dépensant deux cent millions d'euros, si j'ai bien lu, pour une campagne d'idéologie pure, (faites très attention à l'idéologie pure, on sait où ça mène); le niveau de compétence pour la matière en question, à savoir la psychopathologie, mis en jeu dans cette campagne, aurait conduit n'importe quel étudiant à l'échec; quant à la qualité de la communication, elle repose essentiellement sur la réaction des milieux concernés qui se sont attachés à redresser la barre.


Par comparaison, on peut observer que pour une somme inférieure de vingt pour cent, la Grande Bretagne a décidé de former des psychothérapeutes, ayant décidé de prendre en compte les très faibles résultats des antidépresseurs dans la plupart des cas, comparables aux placebos. C'est donc une campagne follement chère.


Il est difficile de comprendre ce qui arrête les idées de ceux qui se penchent sur la matière psy pour la réglementer; ne faudrait-il pas commencer par laisser là l'utilitarisme de convenance, pour être pris au sérieux par ceux qui ont la moindre compétence dans ce domaine ? Après quoi un certain degré de retour à la réalité pourrait peut-être se manifester : à quoi bon se mettre à dos les cinquante mille personnes sur lesquelles reposent la tranquillité sinon la largeur d'esprit de soixante millions d'autres ? Je ne parierais pas sur les propos d'Accoyer et de son entourage contre l'avis de toutes les professions psy unanimes sur la question de la dimension sectaire : à savoir que le sectarisme, ça existe effectivement, et s'il fallait qu'il y ait une secte derrière chaque manifestation d'étroitesse d'esprit ou derrière chaque méprise, je ne vois pas très bien comment on pourrait aboutir à construire un jour une République. Mais pour ma part, je n'en ai pas encore abandonné le motif.


D.K.

liens:

http://la-liste-noire.nouvelle-religion.fr/3.html

"Se référer à une loi fasciste italienne n’est pas très heureux pour une commission d’enquête parlementaire d’un pays démocratique. Mais ce n’est pas le seul point commun avec le fascisme. Le seul gouvernement a avoir osé publier, avant la France, une liste de “sectes” à combattre fut celui du troisième Reich ! Dès 1933 son ministre de l’intérieur établissait la liste des sectes interdites au nom de “la protection du peuple et de l’Etat”. On retrouve d’ailleurs dans cette liste de 1933 plusieurs mouvements figurant dans celle de la commission d’enquête de 1995 (voir planches 4 et 5)."