mercredi 18 juin 2008

ombres et antennes

Qui s'y colle... (à l'examen des décrets)...

Comme cela, livré sans commentaire, pour information, cette nouvelle proposition de décrets d'application nous livre une opacité qui ne se dissout qu'au prix d'une lecture juridique rigoureuse, patiente, régulière . J'ai pu observer durant toutes ces années que sur ce forum comme sur tous les sites associatifs, il n'y a eu qu'une et une seule personne pour mettre sa compétence en matière de droit public au service des personnes intéressées et des associations, et ce de manière constante .


C'est un travail gigantesque qu' a entrepris François-Régis Dupond Muzart, connu également sous ses initiales frdm, tous ses commentaires étant à disposition sur le site LTA.frdm.fr . Depuis qu'il s'est aperçu de la situation juridique particulière de la psychanalyse, au point qu'il n'en est pas encore revenu, François-Régis continue, quotidiennement, à suivre l' affaire, et cette affaire, personne dans le champ psy n' y comprendrait quoi que ce soit sans ce travail . Etant donné qu'à la connaissance de tous, il n' y a strictement aucun autre juriste compétent en droit public qui se soit penché, et avec quelle générosité, et avec quel courage sous les horions, sur cette loi et ces décrets d'application en tant qu'ils nous concernent très concrètement, il est étonnant qu'il faille le rappeler à chaque tournant, il y a là quelque chose que les psys ne veulent pas savoir, et qui concerne la délimitation juridique de leur praxis, et qui se présente comme un refus de la castration symbolique. Je ne puis que les renvoyer à leur examen intime .


Et j'en ai lu, durant ces quatre ans et quelques, des réactions de rejet, d'incompréhension, et j'en ai vu, des haussements d'épaules, et jusqu' à des diagnostics jetés à l' emporte pièce sur la personne, avec pour seul point d'appui qu' il [frdm] se permette, alors non encore psychanalyste, de parler de la loi, et ceci, ces « jugements » cliniques, énoncés par des ex-membres de l'école freudienne de Paris, et de ceux qui nous jouent de l'éthique comme de l'harmonica blues ...


Alors, faut-il encore le préciser, si vous voulez apprécier ce que ce décret, tel qu'il est écrit pour l'instant, nous retranche, il vous faudra recopier l'adresse

http://www.lta.frdm.fr/20080613-Recapitulatif-sur-projet-de-decret-Art-52-du-3-juin-2008-soumis-au-133

et prendre la patience de lire précisément et en détail la lecture qui en est faite .


Vous apprendrez ainsi que les discussions et allées et venues continuent au ministère de la Santé, et que, malgré les indications, critiques, commentaires faits [par frdm] selon les procédures juridiques adéquates, dépôts de mémoire, etc, les rédacteurs du ministère restent curieusement maladroits dans leurs formulations, allant jusqu'à rédiger des décrets illégaux, prévoyant des « dispenses de formation », et laissant le sort des psychanalystes désirant venir s'inscrire, -sur ces listes de psychothérapeutes, pour des raisons que l'on a encore du mal à cerner, tant la situation concrète de l'emploi des psychothérapeutes par les services publics reste floue- , laissant leur sort à l'arbitraire administratif, et laissant en place une situation dans laquelle, aux yeux du public, les psychanalystes inscrits sur ces listes et eux seuls passeraient pour les psychanalystes certifiés par l'Etat, alors même qu'il n'y a aucun moyen de savoir ce qu'aura été leur formation, puisque dans une telle situation n'importe quoi peut apparaître comme psychanalytique .


Sur ce dernier point je ne puis que tirer une seule conclusion solide : les petites associations auront intérêt à se fédérer ou à s'associer à l'AMP ; les psychanalystes un par un devront la survie de leur praxis au fait d'accepter de s'impliquer davantage dans les associations, et c'est plus ou moins la fin des psychanalystes isolés; je précise que je ne vois là aucun drame, le déballage des dernières années leur a permis de s'exprimer et à mon sens, ils ont été entendus, tout le monde a compris en même temps que quelque chose devait changer et que les procédures devaient être revues à la lumière de cette apparition spontanée et non institutionnalisée même après coup, d'un grand nombre de psychanalystes qui se disent lacaniens, ils ont été entendus, puisque de manière très large, dans les associations, les procédures sont en quelque sorte mises en examen, j' ajoute qu'il était temps .


Il est étonnant que la mise au point d' une psychanalyse inscrite dans son temps ait été favorisée par l' adversité d'un député pugnace, cerné par ses arguments auto-référents et logiquement irrecevables, pour autant plus qu' on veuille bien se pencher sur les conditions de la fabrique, où l' on s'aperçoit que les psys ne sont qu' une toute petite pièce de la machine à décerveler qui s'est mise en place1 .


La lutte contre cette méthode de gestion des foules, qui s' oppose à toute conception soit démocratique soit républicaine, n' a rien à voir avec la lutte de pur prestige des uns montés contre les autres, malaxée du dehors du « carré psy », qui rentrait dans les intérêts du calcul gestionnaire . C' est une lutte froide, sensée, vitale, où chacun doit à sa pratique l'examen des conditions de son maintien, au-delà de l'exposé du bien fondé de chaque méthode, puisqu' il y en a d'autres que freudiennes sur le terrain . Et c'est précisément là qu' historiquement la compétence des psys d'aujourd' hui sera jugée à l' aune de leur capacité à résister pied à pied au malaxage du champ psy par le pouvoir, pour le maintien en soumission des foules, sans le moindre respect pour les institutions qu'elles se sont construites au fil du temps, qui n' ont jamais été juste au service des gouvernants .


Alors à l'heure où ceux-ci voient leur chemin de Damas dans la pensée gestionnaire et pensent la politique dans des termes de justification comptable servie aux électeurs, on ne peut guère s' attendre à voir apparaître une société pacifique et productive ; il serait même temps que les politiciens viennent recevoir des leçons, de ceux-là même auxquels ils pensent avoir à en donner, au prétexte d'un savoir haché ramassé sans critique lors d'un séminaire de gestion de fin de semaine, et reçu dans des conditions de transfert exacerbé par le prestige alloué par le luxe de déclarations emphatiques de la plaquette publicitaire du séminaire en question .


A bon entendeur salut .


DK

1Voir http://la-liste-noire.nouvelle-religion.fr/9.html toutes les pages sont à lire...