Autisme, diagnostic et pronostic - 2
Post Scriptum, mise à jour et adjonction du 13/12/2007 relative à l'autisme.
Voir aussi: Autisme, diagnostic, etc...
On peut trouver à cette page de LTA un tour d'horizon des différentes réactions publiques à propos de l'autisme. Il semble que les pouvoirs publics se lavent publiquement les mains d'une situation qu'ils ont largement contribué à créer en laissant de côté les avis des psychanalystes les mieux avertis, pour se contenter de recueillir les on-dits qui leurs sont attribués. On peut ainsi reprocher à la psychanalyse, à ses théories ou à ses praticiens tout ce que l'on reproche au bouc émissaire de l'autisme et de l'autiste. Pour ma part, j'ai eu à travailler avec des enfants qualifiés d'autistiques, ainsi qu'avec leurs proches, et cela m'arrivera encore aussi souvent que l'on me consultera pour cela.
J'ai pu constater régulièrement l'effet de coup de massue asséné par le diagnostic d'autisme; j'ai constaté aussi que ce diagnostic témoignait, plus que d'un quelconque savoir clinique, d'un embarras face à l'aspect inabordable du patient dans sa relation à l'institution et/ou au psychiatre; d'un embarras face à la décision de traitement ou de placement qui s'impose parfois dans la hâte précipitée par l'angoisse de l'intervenant interpellé à une place de soignant, voire de prestataire de solution urgente; d'un embarras enfin face à la responsabilité d'énoncer, en même temps qu'un diagnostic, un pronostic écrasant sur l'évolution pressentie du patient.
Ce diagnostic, régulièrement, est posé sans calcul de ses effets sur la personne ou son entourage, dans la certitude de sa fiabilité tant que de celle du package de soins qui l'accompagne, d'où la psychanalyse autant que le recours à un psychanalyste sont imparablement exclu: d'où je pose que l'exclusion du recours au psychanalyste est la condition nécessaire à la production des symptômes classés dans l'autisme. Ceux qui veulent comprendre le comment et le pourquoi peuvent en trouver une présentation logique dans le livre que j'ai écrit, "les prolégomènes pour la psychanalyse", comme je l'appelle, dont on trouvera une trace sur ce blog ou ailleurs.
Je suis donc amené à redire ceci: là encore, dans ce tour d'horizon sur l'autisme, on oublie une chose, -parce c'est toujours plus difficile de remarquer une absence au milieu de la multitude de présences bruyantes-. C'est que l'on n'a pas encore entendu de psychanalyste énoncer son indifférence, ou son impuissance, face à l'autisme, à l'autiste ou à son entourage: on n'a entendu que ses accusateurs. Et on n'entendra pas, pas avant longtemps, que l'autiste lui-même, du fond de sa plainte, et dans son expression même, est le défenseur du psychanalyste et de sa psychanalyse.
Voilà ce qu'il m'a été donné d'entendre, dans mes contacts avec des autistes. Et pour être juste, il faudrait savoir ne pas empêcher le défenseur rencontrer celui que, par son symptôme, il défend, commis d'office, sans doute, il est vrai, par son symptôme.
Dans son dernier séminaire, intitulé "le moment de conclure", au moment de conclure, donc, une très longue et très riche expérience de parturient et de praticien de psychanalyse, que dit Lacan? Il dit: "L'important est que la science elle-même n'est qu'un fantasme; ... et que l'idée d'un réveil, soit à proprement parler impensable; voilà ce que j'avais à vous dire aujourd'hui." (*15 novembre 1977*).
Je laisse ceci en état; le lecteur pourra s'enquérir de ce qu'il y existe, ou non, quelqu'un qui puisse, avec des faits concrets me concernant, (ou concernant quiconque), infirmer la capacité que je prétends, (ou que prétend quiconque), relativement aux personnes concernées par un diagnostic d'autisme, de recevoir la personne et sa vérité. Chercher à savoir, en tel cas précis, qui peut ou non quoi, sera plus utile et individuellement et collectivement, aux autistes, que les grandes déclarations générales qui pêchent au chalut sur les grands fonds de la souffrance humaine déjà raclés à mort par la médecine épidémiologique.
Merci de votre attention.
13/12/07 - DK
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