vendredi 7 décembre 2007

Entretien avec Didier Kuntz sur les prolégomènes pour la psychanalyse – le retour à la parole.



Après la publication d'un m'as-tu-vu de livre noir, puis un très digne livre blanc anti-livre noir de la psychanalyse, publiés ailleurs pour leur très grande gloire, les éditions des branas proposent, pour inaugurer leur nouvelle collection « les couleurs de la psychanalyse », ces « prolégomènes pour la psychanalyse », sous-titrés « le retour à la parole ».


Entretien avec l'auteur* .


Éditions des branas : Alors vous y teniez à cette publication...


Didier Kuntz : pas tant que ça; j'avais averti quelques éditeurs que j'attendrai dix ans s'ils n'en voulaient pas. Ce texte a rampé trop longtemps sous les meilleures portes pour que je puisse le tenir aujourd'hui pour inachevé. Il reste tout de même ouvert, en suspension vers le lecteur et orienté vers l'avenir. Mais, comme m'a dit un collègue, au cas où cet essai était réussi, restait à le transformer. Le fait d' écrire sur le forum du portail Oedipe a effectué cette transformation sans que je m'en aperçoive : ce n'était pas l'enjeu de ces interventions d'ailleurs assez massives, dans tous les sens du terme; mais c'est l'effet qu'elles ont eu, de me contraindre à changer de position par rapport à l'écriture et à l'écrit. Je vous renvoie ceci : pour ouvrir, aux éditions des branas, une collection « couleurs de la psychanalyse », il vous fallait un ours, eh bien, comme dit Lagingeole, « prenez mon ours »**, et grand bien vous fasse.


EB : Vous vous y êtes fait, à y voir un ours, dans ces « prolégomènes »? Et, pour reprendre la question que vous a posée Jacques-Alain Miller, où avez-vous pêché un titre pareil?


DK : Ma foi pour la pêche, je lui ai répondu, c'est de l'historiette, cela restera voilé; sur l'ours, les choses me paraissent tournées autrement : comprenez qu'en surgissant du néant pour publier cet essai, les éditions des branas donnent une interprétation à ce texte, qui, d'avoir été envoyé à l'ours, effectivement, en vient à y trouver sa place, d'occasion à faire ouverture à ce qui a été refoulé.


EB : En somme cet ours c'est de l' Ur-, -montreur-d'Ur, -faiseur-d' Ur?


DK : Je pense, j'ai toujours pensé que ce texte travaillait du côté de l' Ur-, de l' ourigine, si les lacaniens permettent. D'où ce côté urus. On verra si sa transformation réussit aux psychanalystes. S'ils sont prêts à prendre le risque de le lire, si ce n'est déjà fait. Et s'ils sont prêts à donner d'autres couleurs à la psychanalyse dans votre collection.


EB : Cela, c'est une question ouverte... Mais pour revenir à la peau de l'ours, un travail qui a dix ans, doit avoir accumulé des moutons sous le sommier?


DK : Le recul à ce qu'il me semble est aussi ce qui permet de le lire. Deux amis m'ont dit que ce texte restait à écrire. Ils avaient sans doute raison. Je le vois comme un texte qui est plus ourdit qu'écrit. Il ressemble à de l'écrit, mais, à la lecture, on s'aperçoit qu'il est ourdit : cela, plusieurs personnes me l'ont donné à entendre. On verra bien si ça-texture passera de l'oeil à l'oreille des lecteurs. Parce qu'il y en aura bien quelques-uns; -de plus, puis-je dire; sans doute pas nombreux, mais, à mon point de vue, si vous permettez, qui n'est pas celui de l'éditeur, suffisamment nombreux. Alors le fait que certaines positions que j'ai exprimées à la père-sévère, un peu systématisées, logifiées, que ces positions soient discutables, tant mieux, elles sont là pour ça, et qu'elles soient soumises à révisions, à précisions, cela aura moins de conséquences que s'il s'agissait de positions du Kâmasûtra. Il ne s'agit là que de textualité, dans son rapport à la sexualité, à l' « alité », sans doute; mais ce texte en quelque sorte fait faire un bond du phallus à lalangue, et cela, devrait sans doute intéresser les cliniciens.


EB : Les cliniciens, lacaniens, I presume?


DK : Y en aurait-il d'autres, dans le champ des folies?


(...)

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