vendredi 24 août 2007

Interprétations de la psychanalyse en politique de la psychanalyse.

(Quelques fragments... hors contexte... comme par hasard, il y a quelque chose qui surnouage...)



(9/02/06)



-(en réponse à « Munich », de Serge Hajlblum)-



Le problème politique posé à la psychanalyse d’aujourd’hui, posé par les diverses positions qui ont conduit à la situation où elle est pour ainsi dire posée, cette « psychanalyse », au milieu d’un problème politique qui ne s’avoue pas comme tel à ceux qui le posent, qui ne s’avoue pas comme tel parce qu’il semblerait que poser ce problème comme social, comme un problème de régulation sociale de pathologies sociales, ait la préférence d’un certain type de refoulement que l’on peut dire collectif, même si ce refoulement n’est que l’addition de refoulements un par un, coaptés, collapsés, et opte pour l’acceptation d’une censure admise, d’un refoulement partagé, -acceptation dont le sens d’acception ne doit pas rester ici oublié-, d’une censure aimée, désirée, et requise comme légalité à venir, ce problème politique posé à la psychanalyse est bien celui, tacite, d’une évacuation, d’une vidange de l’horreur du meurtre jouissif, d’autant plus jouissif qu’il est, devient collectif, d’autant plus collectif qu’il se marque de l’oubli de cet un par un où il pourrait ou aurait pu ne pas échouer à faire mémoire.


Peut-être vais-je un peu vite en besogne, mais je n’hésite pas à conclure que la condition nouvelle qui se propose aux psychanalystes d’être « tous psychothérapeutes », (voir texte de Laurent Le Vaguerèse sur le « Petit Journal »), entérine ce meurtre collectif en l’effaçant des mémoires, posant ainsi la condition de sa répétition, posant l’oubli comme condition d’un bonheur à venir, posant cette jouissance ignorée comme jouissance partagée. Il est simplement étonnant que les lecteurs de « Totem et tabou » omettent la condition d’émergence de la loi telle que Freud l’interprète.


On tue la psychanalyse, comme bouc émissaire d’un passé dont on ne veut rien savoir, d’un savoir dont on ne veut rien passer.



(15/02/06)


Les psychanalystes sont actuellement fondés à refuser les différentes stigmatisations et autres réductions de têtes qu'on leur attribue souvent à tort. Je ne dis pas cela dans un effort consensuel. Je le dis pour éviter que ce qu'on appelle "démarche personnelle" puisse passer dans se champ pour une démarche individuelle, illusoirement fondée sur une conception un peu narcissique de la fameuse "auto-analyse" de Freud.


L'adjectif "scientifique" ne suffira pas à faire de la science; on peut dire que par exemple la psychanalyse n'est pas scientifique ou n'est pas une science; mais par contre on ne peut pas dire qu'elle ne soit pas en tension vers la science; cette tension vers la science est ce qui permet de dégager ce qui fait que les sciences soient "sciences" et non pas bricoles idéologiques. C'est ici les scientifiques que j'interpelle, de leur nom de scientifique, contre l'adjectivation qui se retourne déjà contre eux.



(19/10/05)


Il est dommageable que nous ne disposions pas ou ne connaissions pas assez les travaux de sociologues sur les conditions de vie dans les quartiers où vivent les populations stigmatisées, dépositaires du symptôme « fragilisé » ou « risque de délinquance »...


Les quartiers où les voitures brûlent la nuit, sont aussi ceux où les MJC et autres centres de culture ou d'animation ont été fermés pour être remplacés par des lieux censément moins coûteux pour l'état; cette politique a été mise en place par François Léotard lorsqu'il était ministre de la culture; la suppression des postes d'animateurs et leur remplacement par des postes d'éducateurs, , puis d’assistants sociaux, puis de psychologues, a mené à les remplacer insidieusement par une présence policière puis militaire, (les gendarmes et CRS dépendant de l'armée). Sous le prétexte de lutte antiterroriste ; où renaît le masque de « l’ennemi intérieur », cette consternante vichyssoise.


Évidemment on peut croire qu'il n'y a aucun rapport entre la manière dont on traite une population et celle par laquelle elle réagit, déjà langagièrement d'ailleurs, à la manière dont on la "traite".


Simplement lorsqu'on pose la question des coûts, de la culture par exemple, il faudrait faire rentrer dans le calcul celui des conséquences comptables des économies réalisées finalement sur l'éducation, au sens large, puisqu'on ne parle plus "d'instruction", aujourd'hui, ailleurs que dans le cadre des prétoires... Il y aurait apparemment un état corpusculaire des coûts et un état ondulatoire des effets des compressions des coûts comptables.


Comment ne pas voir que la réclusion dans des entités abstraites, ("population à risque", "copulation à risque", etc), "fragilisés psychologiquement", met en scène des liens sociaux hystérisés, lus au travers du prisme tragique d'une mise à distance des "populations"?...




(17/02/06)



Passe borroméen.


-(c'était adressé à Patrick Valas et à Alain Dufour; entre autres)-


Toutes les précisions données ici, à propos de la passe, de celles qui peuvent être données, parce qu'il est bien évident qu'il y a une différence entre le passage au public et le passage de l'intime, seront bienvenues je pense, parce qu'il y a une certaine publicité qui peut être donnée au fait de son existence, et qui permettra à ceux qui ont à y redire de se manifester.


Je précise que pour ma part je n'ai rien à y redire, c'est une institution.


Elle n'est pas sans sa lacune: sa lacune, c'est qu'il y a des psychanalystes qui pensent qu'elle ne ferme pas la transmission qu'elle ouvre. La question est donc de savoir si l'existence de cette institution doit nécessairement être une cause de discrédit de toute transmission qui ne serait pas d'école.


Un des éléments est que ces psychanalystes qui ne sont pas d’écoles et qui poussent le bouchon à ne se reposer que sur l'existence légale de "l'association de fait" se sont trouvés jusqu'à présent confrontés à une certaine morgue des associations plus ou moins solides, parfois d'autant plus hautaines que leur fond théorique relevant trop souvent de la petite différence était réduit à une position charismatique. C'est bien pour cette raison qu'on a pu se gausser de leur masochisme, et qu'aussi bien aujourd'hui ils se trouvent, pas plus objets de convoitise que de discorde, interpellés à exprimer la cause de leur différance à l'endroit des écoles, et la raison qui les pousse à l'encontre du bon sens à avoir soutenu cette position.


Non pas qu'ils n'en aient jamais rien dit, mais que, du fait de cette lacune un témoignage ne pourrait être saisi comme tel que dans un cadre posé ad hoc. Les instances posées par les écoles seraient donc là posées comme débordées, au sens où elles ne seraient pas posées comme seules à être aptes à recevoir un témoignage; il n'en reste pour autant pas moins qu'elles sont les seules à être en mesure de l'authentifier. Les instances en question, ou les écoles, peuvent bien sûr considérer qu'elles n'ont rien à faire de propos latéraux qui ne demandent pas d'authentification. Elles peuvent également considérer que nul n'est audible qu'à condition d'une authentification préliminaire. Cela paraît fondé de l'intérieur de cette logique.


Le hic c'est qu'outre la production de psychanalystes "non-authentifiés" dans leur témoignage faute d'un recours à une telle instance, et qui conduit les écoles à les discréditer comme si leur absence à ce recours n'y suffisait pas, (question, question...), cette stratégie d'élaboration d'école conditionne l'apparition d'une théorie de narcissismes qui passent pour thérapies.


Le plus drôle, ce serait que les Jourdains qui maniant leurs proses reçoivent leurs baptêmes sur les fonds d'Oedipe passent pour dupes! Ce serait bien le comble qu'ils ne le soient pas! Qu'ils ne sachent pas ce qu’ils prosent!


Il y a bien la question de ce qui passe ou pas par l'oral des cris. Mais de là à ce que les chuchotements en viennent à convenir qu'il y a en plus à inventer autre chose, et à trouver un assentiment à ce que les écoles fondent la psychanalyse, et ne cessent de la fonder de leur ouverture à ce qui se produit de leurs interstices, il faudra non seulement qu'elles trouvent à s'accorder réciproquement de leur pertinence méconnue, mais qu'elles en posent conjointement la formalisation qui leur manque.


Et elles le peuvent, à ne pas se poser comme l'Autre. Elle existe de fait, l'Autre École, c'est la psychanalyse que font les psychanalystes, à lier comme vous voudrez, mais même si l'on peut selon un certain entendement nier qu'il fassent communauté pour autant qu'ils ne sont pas un, on ne peut plus soutenir qu'il n'y ait pas plus d'un trait unaire qu'ils soutiennent communément comme fondement de la position psychanalytique...


À ce moment où il semble requis qu'ils sachent se laisser distinguer des psychothérapeutes, plus il y en aura, de ces traits, mieux ce sera, puisque l'on ne peut en aucun cas tabler sur la seule auto-régulation associative sans supporter que sous le nom de psychanalyse apparaisse n'importe quoi: il n'y a rien à fonder que ce qui l’est déjà, mais il y a à présenter ce qui est fondé, et d'une manière qui soit recevable en droit, tôt ou tard, certainement. Hélas si vous voulez, mais si la charge se présente comme irrémédiable, on ne s’en tirera au mieux qu’en faisant des coupures par des nœuds borroméens : c’est ça l’envers de la psychanalyse, maintenant, cette réciprocité -là.


Merci de supporter ce « pas clair ».


DK




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